samedi, novembre 23, 2024
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Le nord du Niger pris entre rébellion malienne, crise libyenne et Al-Qaïda

Le nord du Niger pris entre rébellion malienne, crise libyenne et Al-Qaïda
La toute récente résurgence du conflit touareg au Mali voisin, combinée aux suites de la crise libyenne et à la menace d’Al-Qaïda, fragilise le retour à la paix dans le nord du Niger, région riche en uranium mais déstabilisée dans le passé par deux rébellions touareg. Ces questions étaient au coeur du « Forum paix et développement » qui s’est tenu lundi et mardi à Arlit, près d’Agadez, la grande ville de cette zone désertique frontalière de l’Algérie, du Mali et de la Libye.
L’attaque de trois villes du nord-est du Mali la semaine dernière par des rebelles touareg, reprises ensuite par l’armée, a dramatisé l’enjeu du forum: ce sont les premiers affrontements depuis l’accord conclu en 2009 et le retour de Libye de centaines d’hommes armés – essentiellement des Touareg – qui avaient combattu pour le leader Mouammar Kadhafi, renversé et tué l’an dernier.
« Avec ces attaques, la crise dans l’espace sahélo-saharien prend des dimensions inquiétantes », affirme à l’AFP le colonel Mouhamadou Abou Tarka, de la Haute autorité pour la consolidation de la paix au Nord-Niger.
« Le Niger et le Mali sont des vases communicants, ce qui se passe chez l’un se retrouvera dès le lendemain chez l’autre », a prévenu lors des débats la chef du gouvernement malien, Cissé Mariam Kaïdama Sidibé.
D’ex-rebelles touareg du Niger tirent également la sonnette d’alarme.
« Le Niger et le Mali partagent les mêmes populations, on craint bien la contamination », confirme Seydou Kaocen Maïga, une figure des mouvements touareg.
« Personne ne peut présager de la réaction de nos ex-combattants livrés à leur sort depuis deux ans », avertit Boutali Tchiwiren, un ancien combattant.
Des ex-combattants, sous-traitants d’Aqmi?

Depuis la fin de la dernière rébellion touareg au Niger (2007-2009, après celle de 1991-1995), des ex-combattants démobilisés sont régulièrement accusés de banditisme.
Dans son rapport final, le forum a d’ailleurs appelé à « une amnistie générale pour tous les actes liés à l’insécurité » de 2001 à 2012. Il a demandé aussi un accès prioritaire des jeunes locaux aux emplois miniers et « un recrutement spécial en 2012 » d’ex-rebelles au sein de l’armée.
Avec la dissémination d’armes à la faveur de la crise libyenne, la menace devient bien plus grave.
Alors qu’un énième plan de développement est promis pour la région, les mises en garde contre l’apparition d’une nouvelle rébellion au Niger se sont multipliées.
« Nous devons définitivement abandonner le recours aux armes, il est temps de nous remettre au travail, seule issue pour espérer vivre dans ce milieu austère », a lancé Brigi Rafini, un Touareg nommé Premier ministre par le président Mahamadou Issoufou après son élection en 2011.

Le nord du Niger pris entre rébellion malienne, crise libyenne et Al-Qaïda
D’anciens leaders touareg, désormais à des postes de responsabilité dans la région ou à Niamey, se sont relayés pour insister sur les « 20 ans de retard » que les rébellions auraient coûté au nord.
Une nouvelle révolte serait un « enfer » pour cette communauté, a assuré Rhissa Ag Boula, figure emblématique des rébellions et aujourd’hui conseiller du chef de l’Etat.
Il a appelé ses « frères » du Mali à « s’occuper d’Al-Qaïda, la force du mal », « au lieu de déstabiliser leur Etat ».
Pour Kaocen Maïga, « le vrai danger est que 4.000 ex-combattants sont dans la nature et sont potentiellement des sous-traitants d’Aqmi » (Al-Qaïda au Maghreb islamique).
En quelques années, les jihadistes ont plongé dans la tourmente le nord nigérien et toute la bande sahélo-saharienne par des rapts, essentiellement d’Occidentaux. Aqmi retient toujours quatre Français enlevés en septembre 2010 à Arlit, grand site d’exploitation d’uranium, dont ce pays parmi les plus pauvres du monde est l’un des géants mondiaux.
« Tant qu’Aqmi, malheureusement renforcé par la crise libyenne, peut prospérer dans quelque contrée du Sahel que ce soit, nous ne sommes pas encore en paix », insiste Marou Amadou, porte-parole du gouvernement.

AFP

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