vendredi, avril 19, 2024
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Chefs d'Etat, millionnaires ou SDF: que sont devenus les combattants de l'ANC?

Chefs d'Etat, millionnaires ou SDF: que sont devenus les combattants de l'ANC?
Les militants sud-africains de l’ANC, emprisonnés, exilés et traités de « terroristes » pendant des décennies, sont parfois devenus des hommes politiques ou d’affaires éminents, même si un très grand nombre survit difficilement après 17 ans de démocratie. Alors que l’ANC fête cette semaine ses cent ans, l’Afrique du Sud est probablement le seul pays au monde à pouvoir afficher une telle statistique: trois des quatre chefs d’Etat qui se sont succédés depuis l’avènement de la démocratie ont passé au moins dix années de leur vie en prison.
Nelson Mandela, président de 1994 à 1999, y a passé 27 ans. Kgalema Motlanthe (2008-2009) et Jacob Zuma, actuel chef de l’Etat, sont restés 10 ans dans les geôles de l’apartheid. Seule exception, Thabo Mbeki (1999-2008), qui a pour sa part connu 28 ans d’exil.
Aujourd’hui encore, la majorité du gouvernement est constituée d’hommes et de femmes qui ont été pourchassés ou emprisonnés aux termes du tristement célèbre « Terrorism Act » (loi sur le terrorisme), qui interdisait toute activité visant à renverser le régime raciste de l’apartheid.
Certains, particulièrement audacieux, ont mêlé politique et business pour devenir de richissimes hommes d’affaires.
Les deux figures les plus emblématiques de cette génération du nouveau « pouvoir économique noir » s’appellent Tokyo Sexwale, 58 ans, et Cyril Ramaphosa, 59 ans.
Le premier, qui tire son prénom de sa passion pour le karaté, a reçu une formation militaire en Union soviétique au début des années 1970, avant d’être fait prisonnier à son retour en Afrique du Sud en 1976.
Libéré avec Mandela en 1990, il a d’abord pris des fonctions politiques: « Aux yeux de nombreuses personnes, nous étions encore des terroristes et des anciens prisonniers qui n’avaient aucune expérience pour diriger le pays », raconte-t-il à l’AFP.
Un passé de lutte qui pèse encore

Puis il s’est lancé dans les affaires en 1998, faute de pouvoir succéder à Nelson Mandela à la tête du pays, amassant rapidement une considérable fortune, notamment en nouant des partenariat avec des sociétés publiques. Comme beaucoup d’autres, Sexwale a été accusé d’avoir profité de ses liens politiques.
« L’ANC a montré souvent qu’il était tombé dans le même travers » que d’autres partis de libération africains, estime Andrew Feinstein, un ex-député ANC, « particulièrement (…) dans l’utilisation des moyens de l’Etat pour enrichir des gens à l’intérieur du parti ».
« Le gouvernement ANC a encore beaucoup à faire pour déraciner le népotisme et la corruption », renchérit l’analyste indépendant Joe Mavuso.
Le richissime Ramaphosa, lui, est réputé avoir fait fortune sans utiliser ses liens politiques.
Son parcours est pour le moins paradoxal: leader syndical de haut rang sous l’apartheid, tendance « socialiste », puis membre de l’équipe Mandela qui négocia la chute du régime dans les années 1990, il ne s’est tourné que tardivement vers le business, après avoir été un autre favori pour succéder à Mandela à la présidence.
« Lorsqu’il s’est trouvé politiquement isolé, à l’époque Mbeki, et il s’en est sorti en devenant un homme d’affaires », explique Joe Mavuso.
Ces leaders, politiques ou économiques, aujourd’hui élite de la nouvelle Afrique du Sud, ont laissé derrière eux les décennies d’inconfort et de souffrance des années de lutte. Mais nombre de leurs compagnons ne peuvent en dire autant.
Kebby Maphatsoe, le président de l’association des vétérans de l’ANC, ne cache pas la dure réalité: « Quand nous avons été démobilisés, il n’y avait rien de prévu pour les soldats entraînés et les responsables déployés dans différents pays. (…) La pauvreté parmi nos membres est source de profond mécontentement, certains vivent même dans la rue, sans aide », dit-il.
Ce passé de lutte, qui pèse encore sur l’Afrique du Sud moderne, resurgit d’ailleurs parfois de façon inattendue: en 2002, Tokyo Sexwale s’était vu refuser un visa alors qu’il devait se rendre à New York pour affaires.
Son nom figurait toujours sur la liste des terroristes recensés par les renseignements américains.

AFP

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