L’Afrique noire francophone vue par « un Blanc » ayant passé plus d’un demi-siècle dans cette zone, tel pourrait être résumé le volumineux livre témoignage de Joel Decupper, journaliste, ancien patron de presse au Sénégal.
Plus de 55 ans en Afrique noire francophone, plus de 10 pays visités. Cela laisse sans aucun doute des traces dans la vie d’un homme qu’il soit noir, blanc ou jaune. Et ce n’est pas Joël Decupper qui nous dira le contraire. A travers son ouvrage intitulé « Un blanc dramatiquement noir », Joël Decupper se raconte, s’expose et se dévoile. Que retenir? Il se livre à un exercice de rédaction autobiographique qui se caractérise par la profusion des pronoms personnels « je » et « moi ». Conscient que son angle de vue n’offre aucune possibilité de confrontation directe avec les personnes indexées ou citées, Decupper se lâche. Il n’épargne personne, les Africains, les Européens, les Sénégalais qui l’ont adopté, lui-même y compris. Il découpe ses tranches de vie, ses personnages avec distinction de race et de sexe, avec joie, avec émotion. Est ce par souci d’objectivité? Reflexe journalistique oblige? Une chose est certaine; son témoignage ne fait pas l’unanimité car le propre du récit autobiographique est d’être subjectif. Il s’agit entre autres de restituer la vérité selon soi, de faire un tri dans ses souvenirs lointains ou flous. C’est la vérité selon Joël Decupper. On comprend donc pourquoi, il oublie par endroit le nom de certaines personnes. Sa mémoire flanche par moment, laissant entrevoir des relents racistes ou condescendants pour ce français arrivé jeune et pauvre en Afrique en 1955 et que l’Afrique a contribué à enrichir comme bon nombre de ses compatriotes.
Joël Decupper Taille patron. Du temps passé où ses journaux marchaient et qu’il était un magnat de la presse, le natif de Lille comme dirait un jeune de banlieue « se la raconte » avec nostalgie. Prodiguant au passage quelques conseils sur le métier de journaliste et/ou de patron de presse. Joël Decupper ne manque pas d’égratigner la corporation à laquelle il appartient. Satirique et incisif à souhait, le livre est plein d’anecdotes sur des hommes politiques africains disparus ou en activité. Le mérite de Decupper c’est d’avoir été un acteur et observateur privilégié. Ayant des sources au cœur des instances de décision, son récit fourmille de plusieurs histoires plus ou moins alambiquées. Style direct, parfois abrupt, l’auteur ne met pas en lumière suffisamment ses imperfections personnelles mais bien plus celles des autres avec qui il a été en relation. Cependant, un constat s’impose. L’ouvrage de Joël Decupper offre un éclairage partiel de sa personnalité. Elle est ni blanche ni noire. Elle est grise comme le mélange de ces deux couleurs. Et comme le dit un célèbre proverbe sénégalais, « Un morceau de bois a beau séjourner dans l’eau, ne deviendra jamais un caïman ». Dramatique.
« Un Blanc dramatiquement noir » de Joël Decupper
Edition l’Harmattan, 360 pages
Plus de 55 ans en Afrique noire francophone, plus de 10 pays visités. Cela laisse sans aucun doute des traces dans la vie d’un homme qu’il soit noir, blanc ou jaune. Et ce n’est pas Joël Decupper qui nous dira le contraire. A travers son ouvrage intitulé « Un blanc dramatiquement noir », Joël Decupper se raconte, s’expose et se dévoile. Que retenir? Il se livre à un exercice de rédaction autobiographique qui se caractérise par la profusion des pronoms personnels « je » et « moi ». Conscient que son angle de vue n’offre aucune possibilité de confrontation directe avec les personnes indexées ou citées, Decupper se lâche. Il n’épargne personne, les Africains, les Européens, les Sénégalais qui l’ont adopté, lui-même y compris. Il découpe ses tranches de vie, ses personnages avec distinction de race et de sexe, avec joie, avec émotion. Est ce par souci d’objectivité? Reflexe journalistique oblige? Une chose est certaine; son témoignage ne fait pas l’unanimité car le propre du récit autobiographique est d’être subjectif. Il s’agit entre autres de restituer la vérité selon soi, de faire un tri dans ses souvenirs lointains ou flous. C’est la vérité selon Joël Decupper. On comprend donc pourquoi, il oublie par endroit le nom de certaines personnes. Sa mémoire flanche par moment, laissant entrevoir des relents racistes ou condescendants pour ce français arrivé jeune et pauvre en Afrique en 1955 et que l’Afrique a contribué à enrichir comme bon nombre de ses compatriotes.
Joël Decupper Taille patron. Du temps passé où ses journaux marchaient et qu’il était un magnat de la presse, le natif de Lille comme dirait un jeune de banlieue « se la raconte » avec nostalgie. Prodiguant au passage quelques conseils sur le métier de journaliste et/ou de patron de presse. Joël Decupper ne manque pas d’égratigner la corporation à laquelle il appartient. Satirique et incisif à souhait, le livre est plein d’anecdotes sur des hommes politiques africains disparus ou en activité. Le mérite de Decupper c’est d’avoir été un acteur et observateur privilégié. Ayant des sources au cœur des instances de décision, son récit fourmille de plusieurs histoires plus ou moins alambiquées. Style direct, parfois abrupt, l’auteur ne met pas en lumière suffisamment ses imperfections personnelles mais bien plus celles des autres avec qui il a été en relation. Cependant, un constat s’impose. L’ouvrage de Joël Decupper offre un éclairage partiel de sa personnalité. Elle est ni blanche ni noire. Elle est grise comme le mélange de ces deux couleurs. Et comme le dit un célèbre proverbe sénégalais, « Un morceau de bois a beau séjourner dans l’eau, ne deviendra jamais un caïman ». Dramatique.
« Un Blanc dramatiquement noir » de Joël Decupper
Edition l’Harmattan, 360 pages
Boni Félix NIANGORAN
Paru dans le Diasporas-News n°47 de Décembra 2013