dimanche, février 9, 2025
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Kenya, Afrique de l'Est: nouveaux "eldorados" pétroliers?

Kenya, Afrique de l'Est: nouveaux
« En 2006, il y avait très peu d’exploration onshore », note-t-il, « aujourd’hui, presque toutes les opportunités de licences ont été prises ».
Et le pays n’attire plus seulement des entreprises moyennes comme l’irlando-britannique Tullow Oil, mais aussi des géants comme le français Total ou l’italien Eni.
« La géologie est là », disait David Cowen, analyste à Citigroup, lors d’une récente conférence à Nairobi: « Il y a du pétrole dans la vallée du Rift » est-africain.
Eviter le syndrome du delta du Niger
« L’inconvénient du pétrole dans la région, c’est qu’il est enclavé », relève Stanislas Drochon, analyste à l’IHS, que ce soit en Ouganda, au Kenya ou même au Soudan du Sud, pays déjà producteur dépendant exclusivement des oléoducs du Soudan voisin pour exporter.
Pour acheminer le pétrole devant sortir à terme du Turkana, situé à plus de 1.000 km de la mer et où les populations manquant de tout s’affrontent pour l’accès à l’eau et les pâturages, tout reste à faire: réseau routier, oléoducs, éventuelles raffineries…
L’Ouganda, le Kenya et le Rwanda sont en discussion pour créer un vaste réseau de routes et d’oléoducs, assorti de raffineries, relié au Soudan du Sud. Reste à savoir si les financements suivront.
Les oléoducs, vitaux pour les consortiums pétroliers implantés dans la région, verront le jour, disent les experts. C’est moins sûr pour les raffineries, pourtant nécessaires à la sécurité énergétique des pays concernés.
« Il y a en général peu d’appétit pour les raffineries en Afrique », souligne M. Drochon. « Les investisseurs ont tendance à préférer extraire le brut et l’exporter car il y a un risque politique non négligeable et une compétition évidente, sur les produits raffinés, d’autres pays, Inde ou pays du Golfe ».
Surtout, disent analystes et acteurs du secteur, les ressources humaines et de vrais plans industriels devront être développés pour répondre aux attentes des populations.
« Si nous négligeons l’implication des populations locales, alors nous aurons des problèmes, comme au Nigeria », où des populations laissées pour compte du développement pétrolier siphonnent les oléoducs, estime M. Nyaga.
« Il faudra que les gens voient que maintenant, il y a une route, des chaises dans les écoles », renchérit M. Drochon: « C’est à l’Etat et aux autorités régionales de redistribuer », car le pétrole risque de générer peu d’emplois directs et il faudra « utiliser les ressources financières dégagées par les hydrocarbures pour permettre un développement industriel réel, qui va lui créer de vrais emplois ».
Gérer « les fortes attentes » locales est d’autant plus sensible « dans cette partie de l’Afrique que les populations ont peu confiance dans leur gouvernement », note un acteur kényan du secteur sous couvert d’anonymat.
Nairobi et Kampala affichent toutes deux de piètres performances dans les indices de perception de la corruption de l’ONG Transparency International.
Au Turkana, les autorités kényanes ont eu récemment un avant-goût de ce qui les attend quand les habitants ont bloqué plusieurs jours les activités de Tullow Oil, qui explore le bassin, s’estimant discriminés à l’embauche.
« Des bénéfices tangibles doivent se faire sentir », reconnaît Martin Heya, commissaire au Pétrole au ministère kényan de l’Energie, qui assure qu’une nouvelle loi kényane en préparation devrait assurer un partage des revenus entre gouvernement national, autorités locales et populations.

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