
Malgré la présence de milliers de soldats français et africains depuis janvier dans le nord du Mali pour les traquer, c’est la troisième attaque meurtrière menée depuis fin septembre par des jihadistes dans cette région qu’ils ont occupée pendant neuf mois en 2012,
Elle survient un mois avant le premier tour des législatives maliennes prévu le 24 novembre et pose la question du renforcement de la mission de l’ONU au Mali, la Minusma.
« Ce mercredi, des jihadistes ont attaqué à l’arme lourde et à l’aide de voitures piégées les positions de l’armée tchadienne à Tessalit (nord-est). Deux militaires tchadiens ont été tués, quatre kamikazes ont été tués aussi sur le coup, et un civil a également trouvé la mort », a déclaré à l’AFP un responsable de l’armée malienne dans la région de Gao (nord-est).
Des échanges de tirs entre jihadistes et soldats tchadiens ont suivi l’attaque, selon cette source qui a précisé que « les jihadistes n’ont pas pu prendre les positions de l’armée tchadienne ».
Selon le service de communication de l’opération militaire française Serval au Mali, « l’armée française a mis à la disposition de la Minusma un avion pour transporter les blessés civils et militaires », information confirmée par une source à la Minusma.
A New York, le porte-parole de l’ONU, Martin Nesirky, a affirmé que « cette attaque n’altérera pas la détermination des Nations Unies à soutenir le rétablissement de la sécurité, de la stabilité et d?une paix durable au Mali ».
Tessalit est située dans l’extrême nord-est du Mali, près de la frontière algérienne, à 250 km au nord de Kidal (chef-lieu de la région) et à près de 1.800 km de la capitale, Bamako.
De toutes les armées africaines présentes au Mali, intégrées à la Minusma, celle du Tchad a été en première ligne au côté de l’armée française dans la traque des jihadistes, en particulier dans le massif des Ifoghas, situé entre Tessalit et Kidal. Les soldats tchadiens ont payé un lourd tribut, une quarantaine ayant été tués.
Le 16 septembre, 160 d’entre eux avaient quitté sans autorisation leur base de Tessalit pour protester contre le non-paiement de leur solde, certains affirmant alors n’avoir rien perçu depuis plusieurs mois.
Renforcement urgent de la Minusma
Cette nouvelle attaque intervient deux semaines après des tirs à l’arme lourde sur Gao, qui avait tué un soldat malien et endommagé plusieurs bâtiments.
Le 28 septembre, un attentat suicide à Tombouctou (nord-ouest) avait tué deux civils et quatre kamikazes et blessé sept soldats maliens, selon les autorités maliennes.
Les tirs sur Gao ont été revendiqués par le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) qui avait menacé de mener d’autres actions au Mali, en France et dans les pays ouest-africains qui appuient Paris au Mali.
L’attentat de Tombouctou a été revendiqué par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui avait affirmé que 16 soldats maliens avaient péri.
Le Mujao et Aqmi sont les deux principaux groupes armés ayant occupé le nord du Mali en 2012, y commettant de nombreuses exactions.
L’attaque de Tessalit pose d’urgence la question du renforcement de la Minusma qui, de 6.000 hommes actuellement, doit passer à plus de 12.000 d’ici la fin de l’année, alors que la France a prévu de réduire le nombre de ses soldats de 3.000 à un millier fin janvier 2014.
« Il faut encourager les Etats membres (de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest – Cédéao) et d’autres pays à répondre à l’appel » pour renforcer la Minusma, a déclaré mercredi à Dakar Kadré Désiré Ouédraogo, président de la commission de la Cédéao.
M. Ouédraogo, qui s’exprimait à deux jours d’un sommet des chefs d’Etat ouest-africains vendredi à Dakar, a tenu à rappeler que ce sont des troupes de la Cédéao et du Tchad qui sont présentes au Mali depuis neuf mois.
Le chef de la Minusma Bert Koender avait lancé il y a une semaine un appel pour des renforts en troupes et en matériel.
« Nous ne tournons pas encore à plein régime, il faut dès que possible compléter le déploiement de certains bataillons d’infanterie », avait déclaré Bert Koenders en réclamant également du matériel, en particulier des hélicoptères, pour la Minusma.