
Il a ainsi jugé que « les Kurdes devaient se tenir à égale distance » de toutes les parties en conflit pour que « le peuple kurde ne soit pas entraîné dans une guerre qui ne lui rapporte rien ».
Mais les forces kurdes de Syrie ont déjà été entraînées dans des combats avec les jihadistes qui ont poussé plusieurs dizaines de milliers de Kurdes syriens à se réfugier au Kurdistan irakien.
M. Barzani avait brandi en août la menace d’une intervention de ses propres forces armées dans le conflit syrien pour protéger les Kurdes, mais plusieurs responsables ont par la suite tempéré ses propos.
Le dirigeant historique des Kurdes d’Irak a pour la première fois admis publiquement que le Kurdistan irakien avait fourni un entraînement militaire à de jeunes Kurdes de Syrie pour qu’ils puissent « protéger leurs régions ».
« Un certain nombre de jeunes (gens) ont été entraînés, mais pas du tout dans l’objectif de s’impliquer dans la guerre », a dit M. Barzani.
Revendiquant l’attentat d’Erbil, l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL)avait notamment affirmé qu’il ripostait aux menaces de M. Barzani de soutenir sur le terrain les combattants kurdes syriens face aux jihadistes.
L’attentat était le premier du genre à frapper cette ville depuis six ans, alors que les violences continuent de faire tous les jours des dizaines de morts dans le reste de l’Irak.
Etat kurde réalisable mais sans violence
M. Barzani a également évoqué l’avenir du peuple kurde, soulignant son droit à l’auto-détermination et à avoir un Etat, un objectif selon lui réalisable par la voie du dialogue.
« Avoir son propre État est un droit naturel pour le peuple kurde, mais cela ne peut se réaliser par la violence », a-t-il affirmé, estimant qu’il fallait donner le temps nécessaire à la réalisation « de manière naturelle » de cet objectif.
« Nous encourageons le dialogue entre les Kurdes et tous les États qui se partagent le Kurdistan », a-t-il souligné.
Les Kurdes sont principalement établis sur près d’un demi-million de kilomètres carrés aux confins de la Turquie, de l’Iran, de l’Irak et de la Syrie. Revendiquant la création d’un Kurdistan unifié, ils sont considérés comme une menace constante à l’intégrité territoriale des pays où ils sont installés.
Dans le nord de l’Irak, les Kurdes bénéficient d’une région autonome riche en pétrole, une manne à l’origine de tensions avec le gouvernement fédéral.
La région cherche à construire un oléoduc la reliant directement aux marchés étrangers. En attendant, elle exporte du brut par camions vers la Turquie voisine, et a signé des accords notamment avec Exxon Mobil et Total.
Elle profite également d’un essor économique bien supérieur au reste du pays, qu’encourage un bon climat sécuritaire, pour faire appel aux investisseurs étrangers.
Ces développements ont provoqué l’ire de Bagdad, parallèlement à la question de Kirkouk, zone également riche en pétrole, que les Kurdes voudraient incorporer à leur région autonome.
« Je ne pense pas que les problèmes fondamentaux » en Irak « seront réglés avant les élections » législatives de l’année prochaine, a affirmé M. Barzani ajoutant qu’il y avait « une peur réelle » que les violences et tensions politiques dans le pays « dégénèrent en guerre civile ».
afp