vendredi, mars 29, 2024
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Algérie et Maroc en panne de réconciliation

Algérie et Maroc en panne de réconciliation
L’Algérie et le Maroc, les deux poids-lourds du Maghreb, viennent de se livrer à une nouvelle joute verbale, preuve de leur incapacité à surmonter leurs différends, en particulier autour de la question du Sahara occidental, en dépit des conséquences économiques.
La rivalité entre Alger et Rabat, ancienne, a été réactivée ces dernières semaines par les incertitudes politiques prévalant dans les deux pays, selon des analystes: maladie du président algérien Abdelaziz Bouteflika et crise gouvernementale au Maroc.
Après plusieurs mois d’accalmie, le ton est remonté fin juin autour du débat sur la réouverture des 1.600 km de frontières communes, fermées depuis 1994 à la suite d’un attentat meurtrier à Marrakech, dont le Maroc avait rendu responsable les services de renseignement algériens.
Face aux trois « conditions » posées par l’Algérie –portant sur le Sahara mais aussi le trafic de drogue– Rabat a vu rouge.
Il s’agit d’une « pratique d’un autre âge » qui « dénote une culture politique d’une ère révolue, en total déphasage avec les exigences et les perspectives du XXIe siècle », a asséné le ministre des Affaires étrangères.
Le porte-parole de la diplomatie algérienne, Amar Belani, a aussitôt dénoncé « une escalade préméditée », dans le cadre d’une campagne médiatique anti-algérienne, selon lui. 
Cinquante ans après « la guerre des sables », la principale pomme de discorde entre les frères ennemis reste indiscutablement le Sahara occidental, une ex-colonie espagnole contrôlée par le Maroc. Si l’Algérie affirme ne pas être partie prenante dans ce conflit, elle soutient les indépendantistes sahraouis du Front Polisario.
A ce titre, le précédent échange acerbe, à l’automne dernier, avait porté sur un discours du roi Mohammed VI imputant l’absence d’avancées à un manque de « volonté sincère » de la part des « autres parties ».

Algérie et Maroc en panne de réconciliation
Le Maroc a « torpillé le processus de normalisation des relations entre nos deux pays », avait répliqué un haut responsable algérien.
Une détente notable avait par la suite prévalu, le ministre marocain de l’Intérieur Mohand Laenser affirmant même la volonté commune d’un renforcement de la coopération, lors d’un déplacement à Alger.
« Accès de nationalisme »
Mais, selon Khadija Mohsen-Finan, spécialiste du Maghreb, le nouveau durcissement est étroitement lié à la situation politique dans les deux pays.
« On peut constater des accès de nationalisme », en même temps qu’un « haut niveau d’agitation dans les arènes politiques », avec la « tentation de faire dans la surenchère », dit-elle à l’AFP.
Au Maroc, en mai, le patron du parti de l’indépendance (Istiqlal), Hamid Chabat, a appelé à « récupérer » Tindouf, zone du sud-ouest de l’Algérie où se trouvent les camps de réfugiés sahraouis, sur fond de crise gouvernementale avec l’allié islamiste. 
Du côté d’Alger, les ennuis de santé du président Bouteflika, au pouvoir depuis 13 ans, ont entraîné des spéculations sur l’évolution de la relation avec le Maroc.
En attendant, l’impasse actuelle entrave fortement la mise en oeuvre de l’Union du Maghreb arabe (UMA). Le coût de la « non-intégration » dépasse les 2% de croissance du PIB chaque année, se désole l’économiste marocain Fouad Abdelmoumni.
« C’est énorme (…) et les deux pays ne peuvent s’offrir le luxe de rester dans cette logique », plaide-t-il.
Malgré une situation économique peu florissante, les budgets militaires ont augmenté ces dernières années, en particulier en Algérie, où il a atteint 9,3 milliards de dollars en 2012 (3,4 mds USD pour le Maroc), selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri).
Pour William Lawrence, responsable Afrique du nord de l’International crisis group (ICG), un accord sur les frontières reste toutefois possible… à condition de dissocier cette question du Sahara.
« Les nations marocaine comme algérienne ont été façonnées autour du dossier du Sahara. C’est ancré profondément dans leur ADN », juge-t-il.
Récemment, ce différend est allé jusqu’à s’inviter dans la désignation, en France, du président du Conseil du culte musulman (CFCM), après que la Grande Mosquée de Paris, liée à Alger, a présenté comme candidat un avocat du Polisario, Chems Eddine Hafiz.
afp

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