vendredi, mars 29, 2024
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Italie: Berlusconi condamné, le gouvernement gêné

Italie: Berlusconi condamné, le gouvernement gêné
La sévérité des peines infligées à Silvio Berlusconi dans le procès du Rubygate risque de perturber l’action du gouvernement gauche-droite d’Enrico Letta, malgré l’absence de conséquences immédiates pour l’avenir politique du Cavaliere.
Cette fois-ci et les commentateurs l’ont relevé comme un « signal négatif », Silvio Berlusconi n’a pas réitéré son appui à l’exécutif après sa condamnation lundi à sept ans de prison et une interdiction à vie d’exercer un mandat public pour avoir rémunéré les prestations sexuelles de la mineure Ruby et fait pression sur la préfecture de Milan pour la faire relâcher après une interpellation.
La semaine dernière, quand la Cour constitutionnelle avait rejeté un important recours qu’il avait déposé pour faire annuler sa condamnation à un an de prison et surtout à une interdiction de cinq ans de tout mandat public, pour fraude fiscale dans le procès Mediaset, le Cavaliere avait dénoncé « une persécution judiciaire sans précédent » mais s’était empressé d’assurer de son « soutien loyal » le gouvernement Letta, le premier en Italie unissant gauche et droite.

Italie: Berlusconi condamné, le gouvernement gêné
Lundi, il a réagi avec vigueur dénonçant un verdict « d’une violence inusité » et promis de « résister » face à ceux qui cherchent « à l’éliminer de la vie politique ». Et ses avocats ont déjà annoncé des recours en appel, et en Cassation si nécessaire.
Pour Stefano Folli, éditorialiste politique du Sole 24 Ore, « rien ne sera plus comme avant, le gouvernement ne tombera pas mais il ne sera pas épargné par la tempête » parce que même s’il ne s’agit que d’un jugement de première instance, « il y a la dimension politique du problème ».
« Il est plausible que la pression du centre droit augmentera sur les points de programme qui sont ses chevaux de bataille: la (non augmentation de la) TVA, la (suppression de la) taxe foncière sur la résidence principale », a-t-il ajouté.
Daniela Santanché, une des égéries du camp Berlusconi, a annoncé la couleur: « si Letta continue comme ça, il va sauter sur les questions économiques: il doit aller à Bruxelles dire que l’Italie ne peut pas se crucifier pour le plafond des 3% (de déficit) qu’il faut dépasser pour relancer la croissance ».
Et la presse fidèle à Berlusconi est déchaînée: « les trois juges communistes ont voulu castrer Berlusconi », a titré le quotidien Libero, tandis que Il Foglio a appelé à une manifestation à Rome sous un dessin satirique intitulé « Nous sommes tous des prostituées » pour dénoncer un verdict « inspiré par un moralisme hypocrite ».
Massimo Franco, commentateur politique du Corriere della Sera, a qualifié les ennuis judiciaires de Silvio Berlusconi de « bombe à retardement » pour le gouvernement, évoquant une prochaine étape à l’automne quand la Cour de cassation pourrait confirmer le verdict Mediaset qui aboutirait à bannir M. Berlusconi de la vie politique pendant cinq ans.
Toutefois, dans l’immédiat, il ne se passera sans doute rien, selon les politologues qui vont scruter avec intérêt les résultats d’une entrevue programmée mardi soir entre M. Letta et Silvio Berlusconi.
Berlusconi « est un chat à sept vies, je suis curieux de voir ce qu’il va s’inventer cette fois. Je ne pense pas qu’il retirera son soutien au gouvernement car il n’y a pas intérêt », a commenté à l’AFPTV Raffaele Lanzia, un Romain de 46 ans.

Italie: Berlusconi condamné, le gouvernement gêné
Effectivement, les politologues ne parient pas sur une chute rapide du gouvernement d’abord parce que ce ne serait pas obligatoirement synonyme d’élections, le PD de M. Letta pouvant très bien nouer une alliance avec les déçus du Mouvement contestataire Cinq Etoiles de l’ex-comique Beppe Grillo. Autre raison: en cas d’élections, le centre gauche pourrait lancer en orbite le maire de Florence Matteo Renzi, qui, selon un récent sondage pourrait obtenir 41% des suffrages laissant la droite, même avec le Cavaliere à sa tête, 10 points en arrière.
Pour Marcello Sorgi, éditorialiste de la Stampa, le risque est que le gouvernement reste « comme suspendu en l’air (…) sans marge de manoeuvre politique et sans la force nécessaire pour affronter la gravité » de la récession dans laquelle est plongée le pays.
Or comme le note son collègue Massimo Gramellini, connu pour sa plume ironique, « plus que Ruby ou (Josefa) Idem (une ministre qui vient de démissionner pour ne pas avoir déclaré un impôt foncier), ce qui ôte le sommeil aux Italiens ce sont les crédits à rembourser et trouver un emploi à leurs enfants ».
afp

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