Cinq mois après le déclenchement de l’opération Serval, le 11 janvier, neuf chefs d’Etat et de gouvernement africains, au premier rang desquels le Malien Dioncounda Traoré, ont dit leur « gratitude » au président français, récompensé « pour sa contribution considérable à la paix et à la stabilité en Afrique ».
« François Hollande, nul mieux que toi ne mérite ce prix », s’est exclamé le président Traoré, dans un vibrant hommage au « soldat de la paix » qui a permis de vaincre « l’internationale de la terreur et de l’humiliation ».
« Il peut paraître paradoxal de recevoir une récompense pour la recherche de la paix après avoir porté la responsabilité d’une guerre », a déclaré pour sa part le président français, qui a insisté sur le soutien apporté à l’intervention française par la communauté internationale, les Africains au premier chef.
Sans commenter directement la situation sur le terrain où des affrontements opposent depuis mercredi l’armée malienne à des rebelles touareg, hostiles au déploiement de l’administration dans leur fief de Kidal (nord-est), le président français a dit sa « confiance » dans les efforts actuellement menés pour que l’élection présidentielle soit organisée le 28 juillet.
M. Hollande a néanmoins admis que « la situation au Sahel reste fragile ». « Les terroristes se cachent dans toute la région et frappent aujourd’hui le Niger et peut-être demain se dirigeront-ils ailleurs en Afrique », s’est-il inquiété.
« Le combat n’est pas fini »
Pour la première fois de son histoire, le Niger, pays frontalier du Mali, a été la cible le 23 mai de deux attentats suicide, revendiqués par des jihadistes chassés du Mali par l’intervention française.
« Le rôle de la France, le rôle de l’Europe, c’est de leur donner tous les moyens, formation, équipement, encadrement, pour leur donner la possibilité d’assurer cette mission, pas seulement pour l’Afrique, pour la paix et la sécurité du monde », a-t-il souligné.
Avant la cérémonie à l’Unesco, organisation des Nations unies pour les sciences, l’éducation et la culture, le président Hollande et ses partenaires africains s’étaient retrouvés à l’Elysée pour un déjeuner de travail centré sur les questions de sécurité en Afrique et en particulier au Sahel.
Ces échanges avaient notamment pour but de préparer un sommet sur la paix et la sécurité en Afrique, prévu le 6 et 7 décembre prochain à Paris, a-t-on indiqué à l’Elysée.
Parmi les chefs d’Etat présents, le président ivoirien de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) Alassane Ouattara, le Tchadien Idriss Déby, dont les troupes ont combattu avec les forces françaises au Mali, et aussi le Mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz et le Burkinabé Blaise Compaoré, médiateur auprès des Touareg maliens.
Créé en 1989 par l’Unesco, le Prix Félix Houphouët-Boigny (du nom de l’ancien président ivoirien) pour la recherche de la paix est doté d’un prix de 150.000 dollars.
Le président Hollande a annoncé qu’il le reverserait à la branche malienne du Réseau Paix et Sécurité des femmes de l’espace Cédéao (REPSFECO) et à l’association Solidarité défense, qui vient en aide aux soldats français blessés et aux familles endeuillées.
Par le passé, le Prix a notamment récompensé Nelson Mandela et Frederik De Klerk (1991), Yitzhak Rabin, Shimon Peres et Yasser Arafat (1994) et plus récemment l’organisation argentine « Les grands-mères de la place de mai » (2010).
afp