Les Nations unies envisagent de déployer au Mali une mission de maintien de la paix forte de 11.200 hommes au maximum, accompagnée d’une « force parallèle » pour combattre les extrémistes islamistes.
« Etant donné le niveau et la nature de la menace résiduelle, il y aura absolument besoin d’une force parallèle opérant au Mali (et potentiellement dans la sous-région) aux côtés de la mission de l’ONU afin de mener des opérations importantes de combat et de contre-terrorisme », souligne un rapport du secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon présenté mardi.
L’exigence d’une « force parallèle », non précisée, semble indiquer que l’ONU souhaite le maintien d’une présence militaire française en appui à sa « mission de stabilisation ». La présence de cette force « sera nécessaire pour un certain temps ».
Le texte ne fait pas référence explicitement aux troupes françaises et présente ce dispositif comme une des « deux options possibles soumises à l’examen du Conseil de sécurité ».
L’autre option consiste à « renforcer la mission politique » de l’ONU au Mali tout en laissant à la Misma, la force panafricaine, le soin d’assurer la sécurité. La Misma serait assistée par « des efforts militaires bilatéraux, en soutien aux forces maliennes ». Elle aurait alors un rôle « offensif et de stabilisation centré sur les groupes extrémistes armés ».
Dans l’option Casques bleus, la « majeure partie » des troupes qui composent la Misma « seraient transférées dans une mission de stabilisation de l’ONU » qui comprendrait également 1.440 policiers. Elle serait déployée « essentiellement dans le nord, avec pour base logistique possible Gao ou Sevaré ».
« Examiner soigneusement les risques »
Les Casques bleus seront juste assez nombreux pour sécuriser « les zones de population considérées comme présentant le plus grand risque », précise le rapport, qui a été soumis aux 15 pays membres du Conseil.
Avant de déployer ces Casques bleus, souligne le texte, il faudra d’abord que « les conditions politiques et de sécurité nécessaires soient en place » et il reviendra au secrétariat général de l’ONU d’en juger.
Sur ces « conditions politiques et de sécurité », Ban Ki-moon se montre très pessimiste dans son rapport.
« Même quand l’intégrité territoriale du Mali aura été pleinement restaurée, de nombreux risques subsisteront », souligne-t-il, citant « les attaques terroristes, la prolifération des armes, le trafic de drogue et d’autres activités criminelles ». « Il faudra examiner soigneusement les risques » pour les Casques bleus, note-t-il.
« Le processus politique accuse un retard dangereux », constate aussi le secrétaire général, qui laisse entendre que « les conditions ne sont pas mûres pour la tenue dans le calme d’élections libres et crédibles et paisibles » au Mali.
« En l’absence de réconciliation, il y a peu de place pour un débat politique constructif et les élections pourraient provoquer un regain d’instabilité et même des violences », affirme-t-il.
A l’issue d’une visite d’une semaine au Mali à la mi-mars, Edmond Mulet, sous-secrétaire général aux opérations de maintien de la paix de l’ONU, avait lui aussi brossé un tableau sombre, estimant « peu probable que les élections puissent se tenir d’ici juillet » comme prévu.
Dans le compte-rendu confidentiel de sa mission, dont l’AFP a eu copie, M. Mulet jugeait que l’influence que continue d’avoir l’ex-putschiste Amadou Sanogo « va rendre plus compliqué de mener des réformes significatives ».
Il concluait que l’ONU se prépare à affronter au Mali « des menaces inédites, jamais rencontrées dans un contexte de maintien de la paix ».
afp