Le président chinois Xi Jinping a promis lundi de renforcer les relations entre son pays et l’Afrique, déjà en plein essor, et a invité le reste du monde à prendre exemple sur la Chine et respecter « l’indépendance et la dignité » de ce continent à la croissance économique impressionnante.
Dans son premier discours prononcé sur le sol africain depuis son accession à la présidence de la Chine, M. Xi a estimé à Dar es Salam que « l’amitié sincère » unissant la Chine et l’Afrique était fondée sur une relation d’égal à égal.
« Aucune partie ne tente d’imposer sa vue à l’autre », a-t-il souligné dans la capitale économique de la Tanzanie, première étape d’une visite de huit jours en Afrique qui doit le conduire ensuite en Afrique du Sud puis au Congo-Brazzaville.
Le nouveau président chinois a appelé le reste du monde à faire de même. « L’Afrique appartient aux Africains. En développant leurs relations avec l’Afrique, tous les pays devraient respecter la dignité et l’indépendance de l’Afrique », a déclaré M. Xi, sous les applaudissements nourris de la salle.
« La Chine insiste sur l’égalité entre les pays, quels que soient leur taille, leur force et leur richesse. La Chine défend la justice, et s’oppose à la pratique du grand harcelant le petit, du fort dominant le faible, et du riche oppressant le pauvre », a-t-il poursuivi.
Le président chinois doit s’envoler lundi de Tanzanie pour l’Afrique du Sud, où il participera mardi et mercredi à Durban au 5e sommet des grandes puissances émergentes des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud). Il y retrouvera son homologue russe, Vladimir Poutine, avec qui il a affiché des relations au beau fixe lors de son passage à Moscou.
Le choix de l’Afrique, dans la foulée de la Russie, pour le premier déplacement à l’étranger du nouveau président chinois illustre l’importance que la Chine place dans le développement de ses relations économiques et politiques avec ce continent, soulignent les experts.
M. Xi a assuré que ces relations « allaient s’intensifier et non s’affaiblir » sous sa présidence, rappelant que les échanges commerciaux entre les deux partenaires s’étaient élevés l’an dernier à 200 milliards de dollars. La Chine est devenue depuis 2009 le premier partenaire commercial de l’Afrique.
« La Chine va continuer à étendre ses investissements et poursuivre sa coopération avec l’Afrique, conformément à son engagement de fournir 20 milliards de dollars de crédits aux pays africains entre 2013 et 2015 », a poursuivi Xi Jinping, investi mi-mars comme président de la République populaire après avoir pris les rênes du Parti communiste en novembre.
L’hôte du président chinois, le chef de l’Etat tanzanien Jakaya Kikwete, a relevé que « la crainte de la Chine persistait (dans certains pays) en dépit de la fin de la guerre froide », mais que pour leur part, les Tanzaniens « se fieront toujours à leur propre jugement, fondé sur l’intérêt national du pays », pour développer leurs relations avec Pékin.
« Inoubliable soleil africain »
Le choix par M. Xi de la Tanzanie comme première étape africaine vise, selon les analystes, à souligner la dimension historique de la coopération sino-africaine. M. Kikwete a ainsi rappelé que les deux pays avaient établi des relations diplomatiques dès 1965, sous l’égide du premier président de la Tanzanie indépendante, Julius Nyerere, promoteur d’un « socialisme à l’africaine ».
La Chine a certes d’importants intérêts économiques en Tanzanie, notamment dans le secteur minier. Mais c’est aussi là qu’elle a réalisé, dans les années 70, ce qui est encore aujourd’hui considéré comme le plus vaste projet d’aide chinoise en Afrique: une ligne de chemin de fer reliant le pays à la Zambie.
M. Kikwete a chaleureusement remercié la Chine pour avoir construit le « centre de conférences Julius Nyerere » de Dar es Salam, inauguré plus tôt dans la journée, et à la tribune duquel M. Xi et lui-même s’exprimaient lundi.
La Chine a déjà construit et financé le nouveau siège de l’Union africaine à Addis Abeba, inauguré en janvier 2012.
Le président chinois a estimé de son côté que « l’amitié » africaine envers son pays « était aussi chaleureuse et inoubliable que le soleil africain », dans ce discours qu’il a entamé sous les applaudissements par la salutation traditionnelle en swahili, « habari », et clos par « asante sana » (« merci beaucoup »).
afp