Le Premier ministre kényan sortant Raila Odinga, battu de justesse à l’élection présidentielle par son adversaire Uhuru Kenyatta, a déposé samedi devant la Cour suprême un recours contre les résultats, dans un climat de tension, a constaté un photographe de l’AFP.
Des incidents ont opposé dans la matinée, devant la Cour suprême, une centaine de manifestants favorables à M. Odinga à des policiers. La police a fait usage de gaz lacrymogène, et un jeune homme a été blessé au front, a constaté le photographe de l’AFP.
Le chef de la police provinciale de Nairobi a confirmé qu' »une seule personne « avait été blessée, mais a assuré que cette personne avait été victime d’un accident, après avoir « fait une chute sur une palissade métallique ».
Kalonzo Musyoka, principal lieutenant de Odinga, a mis en cause le déploiement policier, et souligné que les Kenyans voulaient « simplement exercer leur droit constitutionnel de manifester ».
« Nous demandons à tous nos soutiens de donner une dernière chance au droit. Nous avons confiance que la justice sera faite », a-t-il dit.
Des responsables de la Coalition pour la réforme et la démocratie (Cord) ont, comme l’avait annoncé cette formation, déposé le recours, contestant la victoire dès le premier tour de M. Kenyatta, proclamé vainqueur avec 50,07% des suffrages. Ce dernier ne pourra pas être investi avant que la Cour suprême ait statué sur ce recours.
Dans son recours, la Cord demande de « ne pas prendre en considération les résultats de l’élection présidentielle telle qu’elle a été annoncée le 9 mars », avec la victoire de M. Kenyatta, et de « déclarer nul et non avenu l’ensemble du processus électoral ».
Le parti de M. Odinga s’interroge notamment sur les variations importantes du nombre d’inscrits dans certaines circonscriptions après la clôture de l’enregistrement sur les listes électorales, selon un proche du Premier ministre.
« Je n’ai aucune hésitation à contester en justice le résultat de l’élection. Agir autrement serait une trahison vis-à-vis de la Constitution et des Kényans », a déclaré Raila Odinga samedi devant des militants et des journalistes.
M. Odinga a également réaffirmé qu’il respecterait la décision de la Cour suprême et invité son rival à faire de même.
La Cour suprême dispose de quatorze jours pour prendrez sa décision.
A l’issue du scrutin du 4 mars, Uhuru Kenyatta l’avait devancé de plus de 800.000 voix. M. Odinga avait été crédité de 43,31% des suffrages et avait alors dénoncé un scrutin « faussé ».
Les élections et la proclamation des résultats se sont déroulés sans incident notable, malgré les craintes d’un retour des violences sur lesquelles avaient débouché fin 2007 l’annonce de la courte défaite contestée de M. Odinga, à l’époque face au sortant Mwai Kibaki, soutenu alors par M. Kenyatta. Ces violences avaient fait plus de 1.000 morts.
Uhuru Kenyatta est inculpé de crimes contre l’humanité par la Cour pénale internationale pour son rôle présumé dans ces violences et doit comparaître en juillet à La Haye.
AFP