Le Premier ministre sortant transmet jeudi le pouvoir à Ali Larayedh chargé de remettre la Tunisie sur les rails, le jour des obsèques d’un vendeur ambulant qui, s’est immolé, excédé par la misère, rappelant le suicide qui avait déclenché la révolte contre Ben Ali.
M. Larayedh, cadre du parti islamiste Ennahda et ministre sortant de l’Intérieur, succèdera vers 15H00 GMT à Hamadi Jebali, qui a démissionné il y a près d’un mois, emporté par une crise politique aggravée par l’assassinat de l’opposant Chokri Belaïd par un groupuscule islamiste, selon la police.
Ce nouveau cabinet, qui reconduit largement une alliance malaisée entre islamistes, deux partis laïques et des indépendants, n’a « pas droit à l’erreur », relève la presse jeudi soulignant les graves défis sociaux, politiques et sécuritaires qui doivent être résolus.
Le Quotidien note que « les intentions sont bonnes », mais que M. Larayedh, dans son discours de politique générale, « n’a fait que répéter à l’envi des slogans et des objectifs sans présenter de programme politique précis ».
« Le fond et le contenu restent désespérément vagues (…) Croisons les doigts et attendons de voir pour juger sur pièces. Le temps des miracles n’est peut-être pas encore révolu », poursuit-il.
La Tunisie est confrontée à une économie anémique où le chômage et la misère font des ravages, déclenchant régulièrement des violences alors que ces problèmes étaient déjà au coeur de la révolution de janvier 2011.Pour La Presse, le gouvernement doit sortir d’un « cercle vicieux » car il doit « relancer l’investissement pour créer de l’emploi alors que le manque d’emploi génère lui-même l’instabilité dans le pays qui à son tour inhibe les investisseurs ».
La Tunisie est confrontée à une économie anémique où le chômage et la misère font des ravages, déclenchant régulièrement des violences alors que ces problèmes étaient déjà au coeur de la révolution de janvier 2011.
L’immolation par le feu de Adel Khazri, un jeune vendeur à la sauvette excédé par la misère, a mis en évidence l’ampleur du problème, rappelant la mort dans les mêmes conditions de Mohamed Bouazizi, le marchand ambulant dont le suicide avait déclenché le premier soulèvement du printemps arabe. Il sera inhumé jeudi à la mi-journée à Souk Jemaa, dans le nord-ouest de la Tunisie.
Dans ce contexte, Ali Larayedh a promis de résoudre cette année la crise institutionnelle en faisant adopter la Constitution et en organisant des élections, et de créer les conditions de la reprise économique tout en rétablissant la sécurité.
Dans un bref entretien accordé à l’AFP mercredi soir, il a d’ailleurs souligné que les principales menaces pesant sur la Tunisie étaient le terrorisme et les violences sociales.
« Le danger principal pour la sécurité nationale est le terrorisme, que ce soit celui venant de l’étranger (…) ou celui qui peut provenir de l’intérieur. Je veux dire par terrorisme un groupe organisé qui utilise la violence et les armes contre les individus ou pour prendre le pouvoir », a-t-il dit.
La Tunisie est confrontée à l’essor de groupuscules salafistes armés, responsables, selon les autorités, notamment de l’attaque de l’ambassade américaine en septembre 2012 et de l’assassinat de Chokri Belaïd le 6 février.
M. Larayedh a aussi pointé du doigt « la violence sociale alimentée par la politique ». Pour juguler ce problème et s’attaquer au chômage (17%), il dit vouloir la création de 90.000 emplois en 2013, dont le quart dans le public, sans pour autant exposer de programme.
Il n’a pas non plus indiqué si Ennahda était prêt à renoncer à l’instauration d’un régime parlementaire pour débloquer la rédaction de la Constitution, les autres forces politiques souhaitant que le chef de l’Etat conserve des prérogatives réelles.
Un calendrier a été soumis aux députés prévoyant l’adoption de la loi fondamentale début juillet et des élections en octobre. Si les élus ne se sont pas encore prononcés, des observateurs ont jugé l’échéancier peu réaliste, d’autant que les dates-limite fixées précédemment n’ont pas été respectées.
AFP