Le 11 février, dans un court message sobre en latin aux cardinaux médusés, un pontife allemand à bout de forces avait créé la stupeur en annonçant sa « renonciation » à mener « la barque de Pierre ». Il avait admis ses forces déclinantes face aux défis d’un monde en rapide changement.
Un geste humble qui avait été salué dans le monde entier, mais pas toujours bien compris dans l?Eglise. Il avait annoncé qu’il se retirerait dans la prière, manifesterait une « obéissance inconditionnelle » au nouveau pape, et s’effacerait aux yeux du monde.
Le 28 février, sans cérémonie mais avec émotion, Joseph Ratzinger prenait congé de près d’1,2 milliard de catholiques, affirmant qu’il resterait toujours avec eux dans la prière.
Les cardinaux, arrivés du monde entier, avaient ensuite délibéré à huis clos dans des « congrégations générales » pendant une semaine, mettant tous les problèmes sur la table avec franchise, et demandant notamment une meilleure gouvernance de l?Église.
Puis les 115 cardinaux électeurs –de moins de 80 ans– étaient entrés mardi en conclave dans la célèbre Chapelle Sixtine peinte par Michel-Ange, loin des caméras, après avoir rendu hommage au « pontificat lumineux » de Joseph Ratzinger.
Soixante-neuf cardinaux, créés cardinaux par Benoît XVI durant ses huit ans de pontificat, n’avaient jamais participé à un conclave.
Depuis un mois, le plus petit État du monde bruissait de rumeurs sur le profil souhaité de l’élu –administrateur à poigne, pasteur chaleureux, théologien, réformateur moderne mais respectueux de la tradition–.
Serait-il italien à nouveau –après 35 ans de pontificat polonais et allemand–, européen, nord ou sud-américain, africain, voire asiatique? Le rapport des forces était déséquilibré entre nord et sud. 60 des 115 princes de l?Église appelés à voter sont européens (dont 28 Italiens). 19 seulement sont latino-américains, 14 nord-américains, 11 africains, 10 asiatiques, un australien.
Les « papabili » les plus souvent cités avaient été le Canadien Marc Ouellet, le Brésilien Odilo Pedro Scherer, l’Italien Angelo Scola. Tous des hommes énergiques et doctrinalement sûrs, pas révolutionnaires, manquant de charisme mais estimés. Avec des points de ressemblance avec leur mentor Joseph Ratzinger.
Alors que les préparatifs du conclave allaient bon train, de nouvelles révélations sur « Vatileaks » et un prétendu « lobby gay » paraissaient dans la presse italienne et un cardinal écossais, Keith O’Brien, démissionnait pour des gestes homosexuels « inappropriés ».
SNAP, l’organisation d’anciennes victimes américaines des prêtres pédophiles, accusait une douzaine de cardinaux d’inaction et d’indulgence pour les prêtres pédophiles. Des accusations que plusieurs d’entre eux et le Vatican même ont contestées avec véhémence.
AFP