Le « redéploiement des groupes armés se fait sur les corps des femmes » dans l’Est de la RDCongo, où les violences sexuelles « massives » et « méthodiques » se poursuivent plus que jamais, s’est alarmé mardi le docteur Denis Mukwege, mondialement célèbre pour sa lutte contre le fléau du viol.
« L’année 2013 a mal commencé », a constaté le Dr Mukwege, 55 ans, gynécologue obstétricien qui soigne les victimes de violences sexuelles à Bukavu, capitale de la province du Sud-Kivu (est).
En moyenne, près de 300 femmes viennent chaque mois se faire soigner dans son hôpital de Panzi, à Bukavu, après avoir été victimes de viols et de sévices sexuels, a-t-il expliqué au cours d’une conférence de presse à Kinshasa.
Après avoir fléchi en 2011, ce chiffre a repris en 2012 et se maintient les premiers mois de 2013.
Le Dr Mukwege a une nouvelle fois dénoncé ces viols « méthodiques, systématiques et massifs » qui ont, selon lui, « le même impact qu’une guerre classique » et détruisent le tissu économique et social du pays.
« Cela ne peut cesser que si tous se mobilisent », a-t-il lancé, alors qu’il séjourne à Kinshasa pour trois jours de rencontres et de conférences consacrées à cette question des violences sexuelles. « La solution viendra de la prise en charge des causes de ces violences », a-t-il souligné.
Victime d’une tentative d’assassinat le 25 octobre dernier, le médecin est rentré d’Europe le 14 janvier et vit depuis dans son hôpital de Bukavu avec sa femme et ses filles.
« Nous ne nous sentons pas en sécurité », a-t-il confié, ajoutant: « mes patientes ont pris en charge ma sécurité ».
Denis Mukwege a fondé l’hôpital et la fondation de Panzi pour aider les femmes violées dans l’Est de la RDC. Son nom a été suggéré plusieurs fois pour le Prix Nobel de la paix. Il a notamment reçu le prix de l’ONU pour les droits humains.
afp