Un jeune Guinéen figurant parmi quelque 130 blessés mercredi à Conakry lors d’une manifestation d’opposants a succombé à ses blessures, selon une source hospitalière, alors que de nouveaux heurts ont opposé jeudi les forces de l’ordre à des jeunes en banlieue.
Mamadou Téla Bah, un lycéen de 22 ans, avait été blessé à l’arme blanche et transporté à l’hôpital Jean-Paul II de la capitale où il est décédé mercredi peu après 22H00 (locales et GMT), a affirmé à l’AFP la source hospitalière sous couvert d’anonymat.
« Le jeune Bah est arrivé ici dans le coma, on lui avait sectionné une veine à l’aide d’une arme blanche et donc il avait perdu beaucoup de sang. (…) Malheureusement, nous n’avons rien pu faire pour lui, il est mort sous mes yeux », a-t-elle dit.
Le corps du jeune homme a été transporté à la morgue de l’hôpital Donka, où le chef de file de l’opposition guinéenne, l’ex-Premier ministre Cellou Dalein Diallo, s’est rendu pour se recueillir sur sa dépouille.
« C’est un martyr », « une autre victime de la dictature d’Alpha Condé », l’actuel chef de l’Etat guinéen, élu fin 2010 au second tour de la présidentielle, a affirmé M. Diallo, candidat battu à ce scrutin.
Mercredi, l’opposition guinéenne avait appelé à une manifestation, qui a rassemblé des milliers de personnes, pour exiger l’organisation d’élections législatives libres et transparentes fixée au 12 mai. La manifestation a dégénéré en violents affrontements, faisant 130 blessés, dont 68 membres des forces de l’ordre selon un bilan officiel.
Des échauffourées ont à nouveau opposé jeudi les forces de l’ordre à des jeunes dans des quartiers de la banlieue de Conakry réputés favorables à l’opposition, dont Bambéto, Koloma et Simbaya.
D’après des résidents des ces quartiers, les heurts ont commencé dans la matinée, lorsque des jeunes ont jeté des pierres aux membres des forces de l’ordre présentes.
Des témoins ont affirmé à l’AFP que plusieurs dizaines de personnes, essentiellement des jeunes, ont été arrêtées par les forces de l’ordre. Un photographe de l’AFP a vu des gendarmes interpeller plusieurs personnes, dont au moins un mineur.
Aucune information n’était immédiatement disponible de source policière ou auprès de la gendarmerie sur ces incidents.
La journée de jeudi coïncidait avec une journée ville morte à l’appel de l’opposition, appel suivi en partie dans la capitale: les commerçants ont fermé boutique au marché de Madina, le plus grand de Conakry, plusieurs rues et avenues habituellement actives et passantes étaient désertées et silencieuses, a constaté un journaliste de l’AFP.
En revanche, l’administration et les stations-service ont fonctionné normalement, mais la circulation était réduite à travers la ville, où étaient visibles des patrouilles de gendarmes et des dispositifs sécuritaires.
L’appel à la journée ville morte a été partiellement suivi en province, notamment à Labé et Pita (nord), Mamou (centre) et Boké (nord-ouest), ont indiqué à l’AFP des habitants joints dans ces zones.
L’opposition guinéenne avait déjà organisé le 18 février une marche qui avait mobilisé des milliers de personnes pour exiger que les législatives, attendues depuis 2011 et repoussées plusieurs fois, soient libres. La date du 12 mai retenue pour les législatives doit encore être confirmée par un décret du président Alpha Condé au plus tard lundi.
Les dernières élections législatives en Guinée remontent à juin 2002, sous la présidence du général Lansana Conté, décédé en décembre 2008 après 24 ans au pouvoir. C’est actuellement un Conseil national de transition (CNT, non élu) qui fait office de Parlement.
AFP