Après un début de tournée à Londres et Berlin axé sur le conflit en Syrie, le nouveau chef de la diplomatie américaine, John Kerry, est mercredi à Paris pour des entretiens dominés par la guerre au Mali, dossier d' »intérêt commun » en dépit de crispations initiales.
M. Kerry est reçu en début de matinée par le président François Hollande, avant de déjeuner avec son homologue Laurent Fabius et de s’envoler pour Rome, où se tient le lendemain une conférence des Amis du peuple syrien.
Le Mali – point sur la situation un mois et demi après le début de l’intervention française pour chasser les islamistes armés, et perspectives de déploiement d’une force de maintien de la paix de l’ONU – dominera l’agenda, selon des diplomates français et américains.
Les deux alliés devraient afficher leurs convergences de vues sur le dossier, devenu après l’Afghanistan le nouveau symbole de la lutte antiterrorisme. « C’est une bataille commune qui se joue là-bas. Nous voulons qu’ils (les Français) réussissent, c’est dans notre intérêt commun », souligne un haut responsable du département d’Etat.
M. Kerry a récemment félicité la France pour son intervention « réussie » au Mali.
Pourtant, l’entente n’a pas toujours été parfaite entre Paris et Washington, longtemps réticent à toute action militaire qui, au départ, devait être uniquement ouest-africaine au Mali.
Et lorsque Paris, poussé par l’urgence face à l’offensive des islamistes armés vers le sud du Mali, est finalement intervenu le 11 janvier, Washington a hésité avant d’apporter un soutien logistique, présentant d’abord une facture exorbitante pour des avions cargo C-17 avant de les fournir gracieusement dix jours plus tard.
« Rien de très surprenant mais bon, on leur a dit, eh, les gars, quand même… et au final ça s’est réglé », raconte un diplomate français.
Drones, Proche-Orient et libre-échange
Officiellement, il n’y a plus de malentendus. Les Etats-Unis soutiennent « politiquement et matériellement » l’intervention au Mali, selon les responsables américains, qui rappellent que Washington a octroyé 96 millions de dollars pour l’entraînement et l’équipement de la Misma, la force ouest-africaine appelée à prendre le relais des troupes françaises.
Et les Etats-Unis ont déployé plusieurs drones « Predators » au Niger en soutien aux forces françaises, afin de réduire le délai entre le repérage au Mali de combattants islamistes et leur « neutralisation ».
« L’appui en drones est très important, ça nous aide. On apprécie, on est très content », se félicite un diplomate français.
La Syrie, l’Iran, la Corée du Nord seront également évoqués à Paris. Mais aussi le processus de paix israélo-palestinien, sujet sur lequel la France presse les Etats-Unis de se ré-impliquer.
« Nous pensons qu’il y a une bonne volonté » chez M. Kerry. « Après, il fait partie d’une administration dont certains disent qu’elle a tendance à se replier sur elle-même… On y verra plus clair après le voyage de Barack Obama » fin mars en Israël et en Cisjordanie, dit-on à Paris.
« L’objectif français, c’est de réengager les USA sur ce dossier » du processus de paix israélo-palestinien, totalement bloqué depuis plus de deux ans, souligne un haut responsable du Quai d’Orsay.
Selon certaines sources occidentales, l »inertie » américaine sur le dossier israélo-palestinien a entre autres motivé le vote français fin novembre en faveur de l’élévation du statut de la Palestine en « Etat » observateur des Nations unies, une position combattue par Washington et Israël.
M. Kerry, francophile et qui a des liens familiaux en France, devait enfin parler avec ses interlocuteurs du changement climatique et d’une future zone de libre échange entre les États-Unis et l’Union européenne, souhaitée par Washington mais qui provoque des réticences côté français.
AFP