« Yema », un film de la réalisatrice algérienne Djamila Sahraoui sur la famille et l’islam radical, a ouvert dimanche la compétition pour le grand prix du Fespaco, festival majeur du cinéma africain à Ouagadougou.
« Yema » raconte la vie d’une mère de famille, Ouardia, interprétée par la cinéaste elle-même, qui vit dans une petite maison abandonnée dans les montagnes algériennes, devenues maquis pour les jihadistes dans les années 1990. Ouardia a perdu son fils Tarik, officier dans l’armée, dans un attentat. Elle soupçonne son autre fils, Ali, leader d’un groupe islamiste, d’être impliqué dans ce drame.
Le film se passe dans un univers frappé par la sécheresse et la douleur des trois seuls personnages: la mère, le fils et le garde qu’Ali a envoyé pour assurer la sécurité de Ouardia.
Tout le film se déroule presque de façon muette et sans musique, hormis pour le générique de fin.
« C’est une histoire qui évoque la situation actuelle de l’Algérie », a déclaré devant la presse la réalisatrice.
« L’Algérie depuis un certain moment déjà vit sous des actions terroristes. Je pense qu’on traite un peu de problèmes qui nous concernent, qui nous préoccupent, des problèmes du moment avec notre propre histoire », a-t-elle indiqué en référence à d’autres films maghrébins qui évoquent le thème de l’islam radical cette année au Fespaco.
Concernant ses choix artistiques, Djamila Sahraoui a expliqué avoir épuré pour ne garder que « l’essentiel ». « Même dans les éléments constitutifs du film, j’ai évité les faits prosaïques pour laisser s’exprimer des éléments primordiaux comme l’eau, le feu, la terre, l’air ».
La réalisatrice s’est réjouie que son film ait été choisi pour l’ouverture des compétitions du Fespaco 2013, qui a été inauguré samedi et a, pour la première fois, confié la présidence de tous les jurys à des femmes.
« C’est un honneur pour moi, je suis très contente que mon film soit le film inaugural », a confié Djamila Sahraoui, se félicitant que les femmes soient « à l’honneur » pour la 23e édition du festival. « Je savoure ces moments ».
Vingt longs métrages, dont « Yema », briguent l’Etalon d’or de Yennenga, la récompense reine, qui sera remise le 2 mars.
AFP