Le nombre d’éléphants d’Afrique tués par des braconniers en 2012 sera certainement plus élevé que les 25.000 braconnés l’année précédente, a annoncé mardi le secrétaire général de la Convention sur le commerce international des espèces menacées d’extinction (Cites).
« Sur l’ensemble du territoire où vit l’éléphant d’Afrique, en 2011, 25.000 éléphants ont été tués illégalement, et selon notre analyse menée jusqu’ici, il semble qu’en 2012 la situation se soit plus détériorée qu’améliorée », a déclaré John Scanlon, secrétaire général de la Cites, en marge d’une réunion au niveau ministériel du Programme de l’ONU pour l’environnement (PNUE).
Bien que le nombre d’éléphants tués chaque années dans les années 1970 et 1980 était bien plus important en valeur absolue, ces chiffres figurent parmi les pires de ces dernières années.
La situation actuelle est celle « d’une crise très importante » et est « à d’autres égards bien pire » qu’alors, a souligné le fondateur de l’ONG Save the Elephants, car aujourd’hui, « il y a moins d’éléphants et la demande d’ivoire semble encore plus importante ».
En juin dernier, la Cites estimait dans un rapport que le braconnage des éléphants était à son pire niveau depuis une décennie et que le volume des saisies d?ivoire enregistrées avait atteint celui de 1989, date d’interdiction du commerce mondial de l’ivoire.
L’éléphant d’Afrique est inscrit sur la liste des espèces menacées de la Cites: sa population actuelle est estimée à environ 472.000 individus, menacés par le braconnage et la destruction de leur habitat naturel.
Le nombre d’éléphants d’Afrique était tombée à environ 600.000 à la fin des années 1980, contre plusieurs millions d’individus au milieu du XXe siècle.
Le trafic très lucratif de l’ivoire est alimenté par l’augmentation de la demande en Asie, où elle est utilisée dans la médecine traditionnelle et dans la fabrication d’objets décoratifs.
Un kilo d’ivoire se vend environ 1.500 euros sur le marché noir asiatique, également très demandeur de corne de rhinocéros, au pseudo-vertus thérapeutiques et aphrodisiaques, dont le kilo se négocie autour de 60.000 euros.
La population de rhinocéros blancs et noirs a diminué de façon dramatique ces dernières années en Afrique en raison du braconnage. On estime qu’il ne reste qu’environ 25.000 rhinocéros (environ 20.000 rhinocéros blancs et 5.000 rhinocéros noirs) sur le continent.
Le chef du service sur la criminalité liée à l’environnement à Interpol, David Higgins, a souligné à Nairobi que le braconnage était lié à la criminalité organisée et parfois à des groupes rebelles africains. Il existe aussi de possibles liens avec des organisations terroristes, a-t-il noté.
« A moins de briser ces réseaux criminels, cela continuera », a-t-il poursuivi.
AFP