mardi, octobre 15, 2024
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Entre l'Homme et la planète, "quelque chose s'est détraqué", dit Jane Goodall

Entre l'Homme et la planète,
Fidèle à son habitude, elle accueille l’auditoire par le cri du chimpanzé. Avant d’entamer une heure de récit ininterrompu sur son lien avec les animaux et la façon dont, de l’étude des grands singes, elle est passée militante, pour protéger ces espèces menacées, et la planète.
A 78 ans, Jane Goodall, 53 années d’études des chimpanzés derrière elle, continue d’arpenter la planète pour sensibiliser populations et dirigeants à leur sort, mais aussi à celui des peuples qui parfois ne les chassent que pour assurer leur propre survie, et à la nécessité de protéger l’environnement.
La célèbre primatologue sera à Paris le 12 février pour rencontrer le public au cinéma Le Grand Rex en avant-première du film « Chimpanzés » de Disneynature, et le lendemain participera à un débat à Sciences Po. (janegoodall.fr)
Depuis plus d’un quart de siècle, dit-elle, « je ne suis jamais restée au même endroit plus de deux ou trois semaines d’affilée », confie-t-elle.
Tout est parti d’une conférence sur les chimpanzés aux Etats-Unis dans les années 80. Et de sessions sur les expérimentations médicales qu’ils subissaient et la destruction de leur habitat, le commerce de la viande de brousse.
« Je suis entrée (dans cette conférence) en tant que scientifique (…) J’en suis ressortie comme militante. »
« J’ai commencé mon militantisme en Afrique », raconte-t-elle encore lors d’une conférence à Nairobi, là-même où, un demi-siècle plus tôt, elle allait rencontrer son mentor, le paléontologue Louis Leakey. Celui qui ferait de la jeune secrétaire passionnée des animaux qu’elle était, une primatologue.
« Quand je voyageais à travers l’Afrique, je n’en apprenais pas seulement sur la nécessité de préserver les chimpanzés, les gorilles et les bonobos (tous les grands singes de la planète, avec les orang-outans d’Asie) », poursuit-elle.

Entre l'Homme et la planète,
« J’en apprenais aussi sur les problèmes des populations africaines, j’apprenais de plus en plus sur la pauvreté, les violences ethniques (…) et il me semblait que ces problèmes provenaient des temps coloniaux, relayés depuis par les multinationales à travers le monde. »
« Alors je me suis dit, c’est bien de sensibiliser les gens à travers l’Afrique au sort des chimpanzés, mais c’est aussi très important de voyager en Europe, en Amérique du Nord, et maintenant de plus en plus en Asie, » dit-elle encore. « Et plus je voyageais, plus je découvrais ce qui n’allait pas. »
Et la primatologue britannique de parler de la croissance exponentielle de la population humaine, du besoin toujours plus grand de terres, nourriture et logements. Mais aussi de la raréfaction des ressources en eau et du réchauffement climatique.
« Les poussières du Kilimandjaro »
« Quand je suis venue, pour la première fois en Afrique, et que j’ai volé au-dessus du Kilimandjaro, même en pleine chaleur estivale, il avait un grand chapeau de neige, » se souvient-elle. « J’ai lu l’autre jour qu’il valait mieux parler maintenant des poussières du Kilimandjaro. »
« Nous avons volé, volé, volé (la planète) à nos enfants, » poursuit-elle. « Mais est-ce que vraiment nous n’y pouvons rien? Absolument pas. »
Pour cette experte mondiale des chimpanzés, qui, la première, a vécu aux côtés des primates, dans le parc tanzanien de Gombe, et, au fil des ans, a documenté leurs similitudes avec l’homme, « quelque chose s’est détraqué ».
De prouesses comme celle d’envoyer un homme sur la lune, à la destruction de la nature, « il semble qu’il se soit opéré une déconnexion » chez l’homme. « Une déconnexion entre cet esprit intelligent et la compassion, l’amour, le coeur humains ».
« Comment pouvons nous reconnecter les deux pour que l’humanité atteigne son potentiel? » interroge, pleine d’espoir dans les jeunes générations, la fondatrice de « Roots and Shoots » (« Racines et Pousses »), association de sensibilisation des jeunes à la protection de l’environnement et des animaux.
« Les jeunes influencent leurs parents, influencent leurs professeurs, grandissent et deviennent professeurs, et parents, ils grandissent et se mettent à faire des affaires, grandissent et deviennent politiciens ».
« Quand je regarde ces 53 ans de recherche presque ininterrompue dans le parc national de Gombe et que je réfléchis à ce qui me frappe le plus (…) c’est à quel point les chimpanzés sont comme nous, bien plus que ce nous pensions à l’époque, » dit encore le Dr Goodall, évoquant notamment « l’altruisme » dont sont capables ces primates.
« Aucune ligne nette ne nous sépare des chimpanzés, de tous les grands singes, dont le comportement est très proche de celui des chimpanzés, et il n’y a aucune ligne nette entre les grands singes et les singes et les antilopes… Autrement dit, (entre nous et les animaux), nous avons tracé une ligne qui n’existe pas ». 

AFP 

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