L’Egypte se préparait dimanche à une nouvelle journée tendue avec les funérailles prévues en début d’après-midi des 31 personnes tuées la veille à Port-Saïd (nord-est), au cours d’affrontements déclenchés par la condamnation à mort de 21 supporteurs de football.
Les troubles dans cette ville ont débuté au lendemain du deuxième anniversaire vendredi du début du soulèvement ayant conduit au départ de Hosni Moubarak. Cette journée avait elle-même été marquée par des violences meurtrières, reflétant les profondes divisions politiques dans le pays et les tensions persistantes entre la police et une partie de la population.
Les violences à Port-Saïd avaient débuté samedi, quelques minutes après la condamnation à la peine capitale de 21 supporteurs du club local d’Al-Masry pour leur implication dans la mort de 74 personnes après un match en février 2012 contre le club cairote d’Al-Ahly.
Dimanche, la situation restait tendue à Port-Saïd où les affrontements se sont poursuivis dans la nuit. Des habitants disaient craindre de nouvelles violences à l’occasion des funérailles des morts de la veille. Le ministère de la Santé a indiqué que 31 personnes avaient été tuées.
Des médecins ont indiqué à l’AFP que toutes les victimes avaient été tuées par balles réelles. L’armée pour sa part a démenti avoir utilisé de telles munitions.
L’armée a pris position dans la ville pour protéger les bâtiments publics et les sites sensibles.
Au Caire, des accrochages sporadiques opposaient dimanche de petits groupes de jeunes manifestants à des policiers près de la place Tahrir, où les forces de l’ordre répliquaient aux jets de pierres par des gaz lacrymogènes.
Des manifestants avaient auparavant bloqué le grand pont du 6-Octobre, sur une autoroute urbaine reliant l’est et l’ouest de la capitale, et des heurts ont eu lieu sur la « corniche », un grand boulevard qui longe le Nil.
Beaucoup d’Egyptiens pensent que les violences de l’an dernier à Port-Saïd ont été orchestrées par la police ou par des partisans du président déchu Hosni Moubarak.
Des habitants de Port-Saïd assurent que les condamnations à mort ont été motivées par le souhait d’éviter des troubles avec les supporteurs très organisés d’Al-Ahly, les « Ultras », qui avaient menacé de semer le « chaos » si le verdict n’était pas assez sévère.
« Un verdict politique »
« C’est un verdict politique qui a sacrifié nos enfants pour éviter le chaos. Nos enfants sont des boucs émissaires », a affirmé à l’AFP un habitant, Achraf Sayyed.
Samedi, des habitants de Port-Saïd ont attaqué deux postes de police dans la ville et des proches des condamnés à mort ont essayé de prendre d’assaut la prison où ces derniers sont détenus.
Des heurts ont également été signalés dans la nuit à Suez, à l’entrée sud du canal du même nom, où quatre commissariats ont été attaqués.
Huit personnes avaient perdu la vie vendredi dans cette ville lors d’affrontements à l’occasion du « Jour de la Révolution », qui commémore le début du soulèvement populaire contre Hosni Moubarak le 25 janvier 2011 et pendant le quel neuf personnes ont en tout été tuées et plus 500 blessées.
Alors que la tension est vive dans le pays, l’opposition aux islamistes, regroupée au sein du Front du salut national (FSN), a réclamé une « solution globale » à la crise politique incluant notamment un « gouvernement de salut national ».
Faute de quoi, a-t-elle prévenu, elle boycotterait les législatives prévues en principe en mars ou avril, et réclamerait une présidentielle anticipée.
L’opposition laïque et le pouvoir sont à couteaux tirés depuis novembre, date à laquelle le président Mohamed Morsi s’est doté temporairement de pouvoirs exceptionnels afin d’accélérer un projet de Constitution rédigé par une commission dominée par les islamistes.
M. Morsi a participé samedi à une réunion du Conseil national de défense, qui a appelé au calme et au dialogue national pour sortir de la crise.
AFP