De nombreux Chinois critiquaient mardi les coups de ciseaux de la censure dans « Skyfall », le dernier James Bond qui vient de sortir sur les grands écrans du deuxième marché du box-office mondial.
« C’est énervant! A chaque fois c’est pareil! », dénonçait un internaute nommé Niccilee sur le principal site de microblogs du pays. « Nous avons attendu (ce film) pendant si longtemps et voilà qu’on le coupe et qu’on le recoupe! »
La superproduction où Daniel Craig tient la vedette est sortie à l’automne dans la plupart des salles obscures de la planète. Mais les autorités chinoises, par protectionnisme culturel, ont repoussé sa diffusion à 2013. Le film n’est sorti que lundi, dans une version modifiée à plusieurs endroits.
Parmi les scènes tombées sous le couperet des censeurs figure celle dans laquelle un tueur à gages français (Ola Rapace) élimine un garde de sécurité chinois dans un gratte-ciel de Shanghai.
« A-t-on peur d’un effet d’émulation auprès d’autres criminels? », s’interrogeait Leslie Zhuang, une spectatrice déçue. « Si de telles images sont coupées, alors autant ne pas importer le film! »
Des dialogues de « Skyfall » ont en outre été retouchés, les sous-titres en chinois ne correspondant pas avec ce que disent réellement les acteurs.
Une allusion que fait Bond à la prostitution à Macao est ainsi escamotée. Tout comme une phrase dans laquelle Javier Bardem, le méchant de « Skyfall », raconte la torture qu’il a subie aux mains des forces de sécurité chinoises.
« Autant regarder le DVD piraté », s’est emporté Li Xiaotian, un autre internaute, en référence aux copies illégales du film qui sont en vente un peu partout en Chine.
Le sort du dernier 007 « suscite des appels à réformer le système de supervision du cinéma », a rapporté mardi l’agence Chine nouvelle, en montrant ainsi que les critiques contre la censure ne sont plus taboues dans la presse officielle.
Les règles de la censure en Chine sont opaques et jamais justifiées. Mais, à moins qu’un film donne une image particulièrement flatteuse du peuple chinois, il est rare qu’il passe sans dommage sous les fourches caudines de la puissante Administration d’Etat de la radio, du cinéma et de la télévision.
AFP