La Criirad, association spécialisée dans le suivi de la radioactivité, et l’ONG nigérienne Aghir in’man ont mis en cause jeudi le suivi par Areva du matériel utilisé dans les installations d’extraction d’uranium au Niger en affirmant que certaines pièces métalliques ont été récemment repérées chez un ferrailleur.
« Areva, au Niger, continue à avoir des pratiques de gestion des matériaux et des déchets qui ne ne sont pas respectueuses de l’environnement et qui présentent des risques pour la santé des habitants », a affirmé à l’AFP Bruno Chareyron, ingénieur en physique nucléaire responsable du laboratoire de la Criirad, association spécialisée basée à Valence.
Areva a confirmé la sortie depuis deux sites miniers exploités à Arlit par ses filiales, Somaïr et Cominak, de « pièces métalliques », issues d’engins utilisés sur ces sites et présentant « des traces de contamination radiologique sans impact sanitaire ». « Dès connaissance, nous avons immédiatement stoppé toute sorties de ferrailles des sites », a précisé un porte-parole à l’AFP.
En 2003, l’association avait déjà dénoncé la présence, sur les marchés de cette ville d’Arlit, de ferrailles radioactives issues des installations des filiales d’Areva.
« Les dysfonctionnements perdurent en 2012 », écrivent dans un communiqué commun la Criirad et l’association nigérienne Aghirin’man.
Selon ce communiqué, 1.600 tonnes de ferrailles provenant des sites d’extraction d’uanium sont « sorties dans le domaine public ». Une partie de ces matériaux, 1.000 tonnes, a été découverte en septembre chez un ferrailleur et des contrôles « ont montré que certains lots étaient radioactifs », selon les deux associations. « Le doute persiste » par ailleurs, « sur le devenir » des 600 autres tonnes, estime l’association Aghir in’man.
Selon M. Chareyron, ces ferrailles radioactives peuvent présenter un risque plus ou moins important pour la santé en fonction de l’usage qui en est fait.
La CRIIRAD demande donc qu’Areva « fasse toute la transparence sur les conditions de cession des ferrailles », « revoie les procédures de contrôle de radioactivité des matériaux autorisés à quittés les installations minières » et « s’engage à repérer et racheter les ferrailles contaminées déjà mises en vente dans le domaine public ».
« Sur ces sites, il existait une procédure qui autorisait la sortie de pièces métalliques de site après contrôle radiologique (pièces en contact avec le minerai, par exemple chargeurs, foreuses, purgeuses) », a pour sa part commenté Areva, précisant que cette procédure n’était « plus applicable, puisque les sorties de pièces sont arrêtées ».
Par ailleurs, Areva souligne que ces ferrailles présentent des « niveaux de radioactivité très faibles, les pièces n’ayant été que ponctuellement au contact du minerai, qui présente lui-même un niveau d’activité faible ».
AFP