Le Conseil de sécurité de l’ONU se penche lundi sur le conflit au Mali et ses membres devraient faire part de leur soutien à la décision française d’intervenir militairement contre les islamistes qui contrôlent le nord du pays, selon des diplomates onusiens.
Le but de ces consultations informelles à huis clos, qui se tiennent à partir de 15H00 (20H00 GMT) à l’initiative de Paris, est d’informer les partenaires de la France quatre jours après le lancement de l’opération « Serval ». Il s’agit de la première réunion plénière du Conseil sur le Mali depuis que Paris a annoncé son intervention.
La France n’a pas d’autorisation particulière à demander au Conseil et la base légale de son intervention n’est pas contestée par les 14 autres pays membres.
« Le Conseil attend des indications sur la durée de cette offensive, et dans quel délai les troupes africaines (de la force internationale) peuvent être en place », a expliqué un diplomate du Conseil.
Pour l’instant, des responsables français ont déclaré publiquement que l’opération durera « le temps nécessaire », évoquant « une question de semaines ».
Quant à la Mission internationale de soutien au Mali (Misma) — une force internationale, essentiellement africaine, autorisée par la résolution 2085 de l’ONU du 20 décembre –, son déploiement effectif pour reconquérir le nord du Mali pourrait prendre des mois. « Les doutes que certains pays ont exprimés lorsque la résolution 2085 a été adoptée demeurent », a noté le même diplomate.
Dans une lettre adressée vendredi soir au Conseil, l’ambassadeur de France à l’ONU Gérard Araud soulignait que l’intervention française « s’inscrit dans la légalité internationale » et que Paris continuerait d’en informer régulièrement le Conseil.
La France se fonde sur l’article 51 de la Charte des Nations unies. Celui-ci prévoit « le droit de légitime défense, individuelle ou collective, dans le cas où un membre des Nations unies est l’objet d’une agression armée ».
Pour Paris, cette justification couvre les frappes dans le nord du Mali puisqu’il s’agit du même pays et « de la même opération », les frappes visant les bases arrières des groupes armés islamistes.
« Juridiquement, la France n’avait besoin que d’une lettre du président malien demandant son intervention dans le cadre de la légitime défense », résume un diplomate de haut rang à l’ONU.
L’opération va aussi dans le sens des nombreux appels du Conseil à lutter contre l’implantation de groupes « terroristes » au nord du Mali, susceptibles de menacer la sécurité internationale. Dans une déclaration jeudi soir, le Conseil avait appelé à fournir à Bamako toute l’assistance nécessaire pour « réduire la menace représentée par les organisations terroristes et les groupes affiliés ».
L’intervention française va enfin dans le sens des préoccupations de ses principaux partenaires, selon des diplomates. La Russie rechigne de manière générale à ce qu’elle appelle « l’ingérence dans les affaires intérieures » d’un pays mais souligne souvent le danger de l’extrémisme islamiste, en Syrie par exemple. La Chine a des intérêts commerciaux et énergétiques en Afrique qui l’amènent à rechercher la stabilité sur le continent.
Dans le débat sur la Misma, les Etats-Unis ont longtemps suggéré une opération antiterroriste spécifique dans le nord du Mali, sans attendre que l’armée malienne, dont Washington met en doute les capacités opérationnelles, soit prête à reconquérir le Nord.
Washington dit désormais « partager l’objectif français d’empêcher des terroristes de bénéficier d’un sanctuaire dans la région » et envisage de fournir à Paris un appui logistique et des drones de surveillance.
Les consultations de lundi seront aussi l’occasion pour Paris de réaffirmer qu’il faut accélérer la mise en place de la Misma.
La résolution 2085 autorise le déploiement de 3.300 hommes au Mali afin, dans un deuxième temps, de se lancer à la reconquête du Nord lorsque l’armée malienne, en piteux état, sera jugée prête à le faire. Mais rien n’empêche les voisins africains de Bamako d’envoyer d’ores et déjà des hommes et des structures de commandement sur place, ce que plusieurs ont commencé à faire.
AFP