Une vingtaine de manifestants et trois journalistes ont été blessés alors que 18 personnes ont été interpellés lors d’une intervention des forces de l’ordre pour empêcher la tenue d’une manifestation de l’opposition jeudi, a-t-on appris auprès d’un membre du collectif à l’initiative de la manifestation.
« Nous avons enregistré pour le moment une vingtaine de blessés (…),et au moins 18 personnes ont été interpellées », a déclaré à l’AFP Pedro Amuzu, membre du collectif Sauvons le Togo (CST), une coalition de l’opposition et de la société civile qui avait appelé à manifester.
« Trois journalistes ont été également blessés lors des manifestations de ce jeudi », a déclaré à l’AFP le secrétaire général de l’Union des journalistes indépendants du Togo Credo Tetteh.
Le carrefour du marché Bé, dans le centre de Lomé, qui devait être le point de départ de la manifestation, avait été quadrillé par une trentaine de gendarmes et de policiers jeudi matin, dissuadant tout rassemblement.
Des jeunes brûlant des pneus dans les rues autour du carrefour en signe de protestation ont été dispersés à l’aide de gaz lacrymogène, a constaté un journaliste de l’AFP.
Le CST avait appelé à trois jours de manifestations à partir de jeudi avec pour mot d’ordre « Pas de dialogue franc et sincère avec l’opposition, pas d’élections au Togo », à la suite de l’annonce, le 31 décembre, par le président Faure Gnassingbé, de la tenue d’élections législatives et locales à la fin du premier trimestre 2013.
Initialement prévues en octobre, les élections avaient été repoussées, et l’opposition togolaise affirme que les conditions ne sont pas réunies pour permettre la tenue d’un scrutin transparent.
Le gouvernement, qui a fait face à une série de marches de contestation en août et septembre, a interdit toute manifestation dans les lieux à forte activité de la capitale, invoquant des risques pour la sécurité publique. La place Déckon, très fréquentée, où devait s’achever la marche de jeudi, fait partie des endroit interdits.
Le ministre de l’Administration territoriale Gilbert Bawara avait prévenu mercredi soir à la télévision nationale que « dès lors que le point de chute de la manifestation n’est pas possible, le gouvernement considère que la marche ne peut même pas avoir lieu ».
« Les manifestations se poursuivent demain » (vendredi), a assuré M. Amuzu à l’AFP.
Le Togo a été dirigé d’une main de fer par le général Gnassingbé Eyadéma de 1967 à sa mort en 2005. Porté au pouvoir par l’armée, son fils Faure Gnassingbé lui a succédé en 2005. Il a remporté en 2005 puis 2010 des élections présidentielles dont les résultats ont été contestés par l’opposition.
AFP