Des affrontements ont de nouveau opposé, jeudi, dans le centre du Mali, les militaires aux islamistes qui contrôlent le nord du pays depuis neuf mois, laissant craindre le début d’un vrai conflit alors que l’intervention d’une force internationale approuvée par l’ONU n’est pas attendue avant des mois.
Dans la capitale malienne, la sécurité a été renforcée jeudi, au lendemain de manifestations violentes prônant la guerre contre les jihadistes, et les écoles y ont fermées jusqu’à nouvel ordre.
Selon plusieurs sources militaires, des affrontements à l’arme lourde ont opposé dans la nuit de mercredi à jeudi militaires et islamistes près de Konna (à environ 70 kilomètres de Mopti), dans le centre. Après quelques heures d’accalmie, ils ont repris jeudi matin dans d’autres localités proches de Mopti, sans qu’on puisse obtenir de bilan dans l’immédiat.
Selon l’armée, une tentative d’attaque islamiste avait été repoussée lundi, suivie par des affrontements directs depuis mercredi.
On ignore de quels groupes armés sont issus ces combattants jihadistes, répartis entre Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) et Ansar Dine. Selon des sources sécuritaires, ils ont reçu récemment des renforts de la secte islamiste nigériane Boko Haram.
« Tout semble faire croire que c’est le début d’une guerre qui ne dit pas son nom », a déclaré à l’AFP Alexis Kalambry, journaliste et analyste politique malien, qui assure que l’armée « voulait attaquer depuis décembre » mais n’en a rien fait à la demande « des alliés du Mali ».
Dans le même temps, des policiers ont été déployés en différents endroits à Bamako où 300 à 400 personnes d’après les forces de l’ordre – plusieurs milliers d’après les organisateurs – ont marché jeudi sans violences pour, notamment, exprimer leur soutien à l’armée.
Mercredi, de premières manifestations s’étaient soldées par des violences dans la capitale et à Kati (près de Bamako), faisant un blessé, tandis que six personnes étaient interpellées.
Les organisations appelant à manifester, pour la plupart favorables au putsch de mars 2012, réclament tout à la fois la guerre contre les islamistes, l’organisation de concertations nationales ou le départ du pouvoir du président intérimaire Dioncounda Traoré qui avait été installé en avril, quelques semaines après le coup d’Etat militaire.
Paris veut accélérer le déploiement d’une force internationale
Des préparatifs sont en cours pour le déploiement d’une force internationale au Mali, approuvé par l’ONU le 20 décembre et prévu par étapes, sans calendrier précis. Parallèlement, l’ONU prône le dialogue avec les groupes armés se démarquant du terrorisme et de la partition du pays.
Mais des discussions prévues initialement jeudi entre le gouvernement malien, le groupe islamiste Ansar Dine et la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) ont été reportées à une date ultérieure au Burkina Faso.
Jeudi, la France a estimé que les récents développements au Mali soulignaient « la nécessité de procéder au déploiement rapide » de la force internationale en préparation, se disant « préoccupée par (les) opérations (en cours) qui fragilisent le processus de sortie de crise au Mali ».
« Tout va très, très vite » au Mali, « l’espace francophone va devoir prendre des décisions plus rapidement. (…) Nous sommes face à des terroristes. Il faut que toutes les forces soient au côté de l’Union africaine », a de son côté réagi la ministre française déléguée à la Francophonie Yamina Benguigui.
Fin décembre, le président Traoré avait affirmé que le Mali n’attendrait pas « des mois », et ferait « la guerre contre les islamistes » plus tôt que les prévisions initiales, sans donner de dates. Mais en novembre, l’émissaire de l’ONU pour le Sahel Romano Prodi – arrivé jeudi à Bamako pour une visite de quelques heures – avait estimé une intervention impossible avant septembre 2013.
AFP