La Zambie a annoncé jeudi l’interdiction de la chasse au lion et au léopard pour protéger des espèces en diminution sur son territoire.
« Nous n’avons pas assez de félins pour la chasse, surtout si nous devons préserver nos ressources nationales », a dit à l’AFP la ministre du Tourisme Sylvia Masebo.
Elle n’a pas donné de chiffres précis mais a cité les lions et léopards comme devant être protégés.
« Bien que les safaris et la faune rapportent de l’argent au pays, il fallait aussi mettre ces avantages en contreblance avec la rapide diminution de certaines espèces », a-t-elle dit.
Selon les estimations, la population de lions en Zambie, pays d’Afrique australe, est située entre 2.500 et 4.650.
La Zambie, qui attire les touristes grâce à ses célèbres chutes Victoria, connues dans le monde entier, espère développer le tourisme lié à la vie sauvage, devenu un secteur clé des économies des pays voisins.
Selon l’Autorité zambienne de la vie sauvage (ZAWA), l’interdiction de la chasse au lion et au léopard va détourner les touristes de la Zambie.
« La population de félins en Zambie est d’environ 3.400 à 3.500, et avec l’interdiction des safaris de chasse des félins, nous allons sans doute perdre des revenus. Ce sont ces félins qui rendent la chasse en Zambie compétitive dans la région », a déclaré le responsable de la recherche au ZAWA , Chuma Simukonda.
Cinquante-cinq de ces gros félins seulement sont chassés tous les ans, a-t-il affirmé.
Les revenus apportés au pays par la chasse ne sont pas connus.
La ZAWA et les autorités sont en mauvais termes depuis que ces dernières ont ordonné la fermeture temporaire des bureaux de l’agence, en attendant les résultats d’une enquête sur une affaire de pots-de-vin.
Le directeur et plusieurs hauts responsables de la ZAWA ont été licenciés en décembre, accusés de corruption dans l’attribution de concessions de chasse.
L’Association des chasseurs professionnels de Zambie a ,elle aussi, critiqué la décision gouvernementale.
« C’est donner une mauvaise image de la Zambie au monde extérieur. La chasse rapporte plus au pays que l’observation du gibier », a déclaré un de ses responsables, Gavin Robinson.
« Les Européens et les Américains veulent chasser ici, mais maintenant, ils vont aller ailleurs, ce qui veut dire que tous les clients vont quitter la Zambie », a-t-il affirmé.
L’écologiste James Chungu a au contraire salué la décision gouvernementale. « Si vous avez l’impression qu’il y a des zones où les animaux sont trop nombreux et qu’il faut réduire leur nombre, pourquoi ne transportez-vous pas ces animaux dans d’autres parcs qui en manquent pour qu’ils se reproduisent ? », a-t-il demandé.
Selon M. Chungu, qui dirige l’ONG de protection de la nature Lusenga Trust, les chiffres fournis par l’agence ZAWA sont faux et « les gens qui tirent avantage de la chasse ne sont pas des Zambiens » qui, eux, tirent profit de l’observation des animaux sauvages.
AFP