Pays le plus riche du continent africain, l’Afrique du sud compte plus d’un quart d’habitants trop pauvres pour manger à leur faim (26,3%) et plus de la moitié vivant sous le seuil de pauvreté (52,3%) dix-huit ans après la fin de l’apartheid et l’instauration de la démocratie.
Etre pauvre en Afrique du sud n’exclut pas que l’on possède un réfrigérateur (57,2%), une radio (55,4%), un téléviseur (62,6%) et surtout un téléphone portable (80,1%, soit presque autant que les ménages non pauvres 89,1%), selon l’enquête sur les conditions de vie publiée mardi par l’agence nationale statistique.
Et contrairement à de nombreux autres pays africains, les ménages pauvres ont majoritairement accès à l’électricité (70,1%), à l’eau courante (51,8%) et à l’aide sociale pour au moins un membre de la famille (70,6%), selon l’enquête.
En revanche, les chiffres de Statistic South African démontrent sans appel que le visage de la pauvreté reste encore largement marqué par la politique d’exclusion économique systématique menée sous l’apartheid au détriment de la majorité noire.
La pauvreté est le lot de 25,5 millions de Sud-Africains, soit 61,9% des familles noires et 32,9% des métis, tandis qu’elle touche 7,3% des familles indiennes et 1,2% des familles blanches.
Un tiers des Sud-Africains noirs (32%) ne mange pas à sa faim.
Le seuil de pauvreté alimentaire est défini comme la somme en dessous de laquelle il est impossible de se nourrir pendant un mois, soit 305 rands (26 euros) par personne en mars 2009, à la date de l’enquête.
Le seuil de pauvreté est lui défini comme le minimum indispensable pour manger mais aussi subvenir à d’autres besoins vitaux (se loger, se vêtir, se soigner, scolariser ses enfants), soit 577 rands mensuels (50 euros) pour tenir un mois par personne.
Le fardeau est aussi très inégalement réparti et se concentre surtout dans les zones traditionnelles, rurales ou dans les bidonvilles.
Au Limpopo (nord), province rurale frontalière du Zimbabwe, près de la moitié des habitants (48,5%) vit en dessous du seuil de pauvreté alimentaire et les trois-quart sous le seuil de pauvreté (74,3%).
Autres provinces très pauvres: le Cap oriental (sud), région natale de Nelson Mandela qui fournit des bataillons de travailleurs migrants dans les mines; le Mpumalanga et le Kwazulu-Natal, province la plus peuplée et fief du président Jacob Zuma. Un quart des ménages pauvres d’Afrique du Sud vivent en pays zoulou.
A l’opposé, les deux-tiers des ménages au Cap et de son arrière-pays, échappent à la pauvreté.
La pauvreté va aussi souvent de pair avec la maladie, un très faible niveau scolaire (14,4% de bacheliers contre 46,1% parmi les non pauvres), plus de difficultés à lire ou écrire que les autres, une absence d’emploi stable et l’obligation de travailler dans le secteur informel ou chez des particuliers.
Le confort de la vie moderne est un luxe.
La plupart des ménages pauvres ont au moins un lit (87,9%) mais très peu ont une voiture (8,9% contre 44,2% parmi les ménages non pauvres), un abonnement internet (4,2% contre 17%) ou un lave-linge (12% contre 44,9%).
Lorsque, comme ces derniers mois, les prix de l’alimentation s’envolent, c’est un drame pour les familles qui crée un climat de contestation sociale dure, comme on l’a vu durant les récentes grandes grèves de mineurs.
De fait, près de la moitié des dépenses des ménages pauvres part en nourriture (42,3% contre 16,1% pour le poste alimentation chez les ménages non pauvres) selon l’enquête.
La politique d’allocations familiales ou vieillesse mise en place par l’ANC est la seule soupape de sécurité pour éviter l’explosion. Les aides sociales sont la principale source de revenu pour 54,7% des ménages sud-africains pauvres.
AFP