Le procès « pour incitation au génocide » de l’ex-homme politique rwandais Léon Mugesera, extradé par le Canada, a de nouveau été renvoyé mardi, à la date du 17 décembre, pour permettre à un nouvel avocat de la défense d’étudier le dossier, a constaté l’AFP.
La défense de M. Mugesera avait déjà demandé et obtenu le report du procès pour avoir le temps de se pencher en détail sur les 40.000 pages du dossier.
« L’affaire reprendra le 17 décembre, » a déclaré le juge Athanase Bakuzakundi à l’audience du tribunal de Kigali qui juge l’ex-homme d’affaires, reconnaissant « la complexité » du dossier et soulignant que le nouvel avocat de la défense, Gershom Otachi, n’avait été saisi de l’affaire que le 16 novembre.
L’accusation s’était opposée à un nouveau renvoi.
M. Mugesera, linguiste originaire du nord du Rwanda, est jugé pour un discours violemment anti-tutsi prononcé en 1992 pendant un rassemblement du parti du président hutu de l’époque Juvénal Habyarimana, dont il était membre.
Kigali considère ce discours comme un élément déclencheur du génocide de 1994, qui a fait environ 800.000 morts selon l’ONU, essentiellement au sein de la minorité tutsi. M. Mugesera est accusé d’y avoir qualifié les tutsi de « cafards » et d’avoir encouragé les hutu à les tuer.
Depuis qu’il a été extradé du Canada, M. Mugesera a comparu à plusieurs reprises lors d’audiences de procédure, au cours desquelles il a chaque fois demandé, pour divers motifs, de nouveaux délais pour être jugé.
Léon Mugesera vivait depuis 1993 au Canada, avec son épouse et ses enfants. Le Rwanda le réclamait depuis 1995, mais il avait multiplié au cours des années les recours judiciaires, sans toutefois pouvoir faire échec à son extradition en janvier dernier.
AFP