Les forces de l’ordre ont empêché dimanche par la force la tenue d’une manifestation à Rabat, dont le but était de réclamer une réduction du budget annuel octroyé à la monarchie, arguant notamment du contexte économique difficile, a constaté un journaliste de l’AFP.
Quelques dizaines de personnes, dont des militants du mouvement du 20-Février, ont voulu se rassembler en milieu d’après-midi devant le Parlement, mais la police a rapidement empêché le cortège de se former, faisant usage de la force. Présents, des représentants de l’Association marocaine des droits humains (AMDH), ainsi que des journalistes, ont aussi été visés, selon la même source.
Les manifestants entendaient réclamer une réduction du budget annuel octroyé à la monarchie marocaine, faisant valoir la conjoncture difficile, alors que le projet de loi de finances 2013 est actuellement à l’étude au Parlement.
« Nous voulions assister à cette manifestation pour protester contre l’énorme budget du Palais royal qui s’élève à près de 2,6 milliards de dirhams (234 millions d’euros) selon le (projet de) budget 2013, tandis que ceux des secteurs sociaux et culturels sont faibles », a déclaré à l’AFP la présidente de l’AMDH, Khadija Ryadi.
Selon elle, ce rassemblement « ne gênait pas la circulation et n’avait donc pas besoin d’autorisation ». « Les forces de l’ordre ont réprimé, ce qui montre (…) qu’on refuse toujours la liberté d’expression », a-t-elle estimé.
Il s’agissait de protester contre « le budget exagéré du Palais royal, qui est l’un des plus élevés parmi les régimes monarchiques au monde, et plus largement d’appeler à la séparation du pouvoir et de l’argent », a ajouté un militant du 20-F, Hamza Mahfouz.
Après des années de forte croissance (4-5%), le Maroc va devoir se contenter d’une hausse inférieure à 3% en 2012. Ce ralentissement pèse sur les comptes de l’Etat, alors que le déficit public a dépassé 6% l’an dernier. Le chômage des jeunes atteint lui près de 30%, selon la Banque mondiale, et les manifestations de jeunes diplômés chômeurs sont fréquemment dispersées par la force.
Jeudi dernier, plusieurs dizaines de journalistes marocains s’étaient par ailleurs rassemblés devant le ministère de la Justice à Rabat pour protester contre la violence des forces de l’ordre à l’égard de la presse.
Ils dénonçaient notamment des violences commises en marge d’une manifestation du 20-Février deux jours plus tôt à Casablanca, la capitale économique.
Interrogé sur le sujet, le ministre de la Communication, Mustapha el-Khalfi, porte-parole du gouvernement, a promis des mesures pour éviter que de tels actes contre la presse se reproduisent.
Le mouvement du 20-Février, né dans le contexte du Printemps arabe, revendique des réformes politiques profondes et une plus grande justice sociale.
AFP