Les bombardements par air et par mer sur la bande de Gaza ont fait 10 morts lundi matin, au sixième jour de l’offensive israélienne contre les groupes armés palestiniens, en dépit d’intenses tractations pour parvenir à une trêve.
Des discussions se poursuivaient au Caire, où un responsable israélien s’est rendu dimanche et où le président égyptien Mohamed Morsi a reçu les dirigeants des deux principaux mouvements de Gaza, le chef en exil du Hamas Khaled Mechaal et le chef du Jihad islamique Abdallah Challah, selon des sources égyptiennes.
Le ballet diplomatique se poursuit également en Israël et dans la bande de Gaza. L’envoyé spécial du Quartette pour le Proche-Orient, Tony Blair, et le ministre allemand des Affaire étrangères, Guido Westerwelle, étaient attendus lundi à Jérusalem, au lendemain d’une visite du ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius.
Côté palestinien, après le Premier ministre égyptien et le ministre tunisien des Affaires étrangères, le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, doit se rendre mardi à Gaza à la tête d’une délégation ministérielle.
Le chef de la diplomatie turque Ahmet Davutoglu est également attendu mardi à Gaza, selon l’agence de presse Anatolie.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a prévenu dimanche que l’Etat hébreu était prêt à « étendre significativement » son opération militaire. Israël a mobilisé des milliers de réservistes et déployé d’importantes forces à la frontière avec la bande de Gaza.
Compte tenu de cette menace d’une offensive terrestre israélienne, le temps semblait compté pour les tractations en vue d’une trêve.
Course contre la montre
« Les plans pour un accord avec le Hamas sont maintenant entrés dans leurs 24 heures cruciales (…). Maintenant il y a une course contre la montre: entre la voie d’une escalade militaire et celle menant à un accord », a estimé Alex Fishman, un expert militaire, cité lundi par le quotidien Yedioth Aharonot.
Lundi matin, les bombardements ont fait 10 morts, dont un enfant de 5 ans et deux jeunes femmes, ce qui porte le bilan des violences à 90 morts — 87 Palestiniens et 3 Israéliens — depuis le début mercredi de l’offensive israélienne.
Dans la nuit, l’aviation israélienne a aussi totalement détruit un bâtiment de la police de la ville de Gaza.
« Pilier de défense » est la plus vaste opération israélienne contre Gaza depuis l’offensive dévastatrice de décembre 2008-janvier 2009, qui n’avait que temporairement fait cesser les tirs de roquettes.
Dimanche a été la journée la plus meurtrière avec 31 Palestiniens tués, en majorité des femmes et des enfants, dont neuf membres d’une même famille dans une frappe aérienne qui a détruit un immeuble de trois étages du quartier de Nasser (nord) dans la ville de Gaza.
Les Brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du Hamas qui gouverne la bande de Gaza, a promis que ce « massacre » ne resterait « pas impuni ».
Côté israélien, les sirènes d’alerte ont retenti dimanche à Tel-Aviv, pour la quatrième journée consécutive. Mais les deux roquettes qui les avaient provoquées ont été interceptées par le système antimissile « Iron Dome », selon la police.
Selon un bilan dimanche de l’armée israélienne, l’armée a visé plus d’un millier de cibles à Gaza, et au moins 846 roquettes ont été tirées sur Israël, dont 302 interceptées par « Iron Dome », depuis le déclenchement mercredi de l’offensive « Pilier de défense » avec l’assassinat à Gaza du chef des opérations militaires du Hamas, Ahmad Jaabari.
Israël répète que la seule condition d’une trêve est que tous les groupes armés de Gaza cessent leurs tirs. Le Hamas réclame pour sa part la garantie que « l’agression et les assassinats vont s’arrêter », ainsi que la levée du blocus imposé par Israël sur Gaza depuis 2007, promise en 2009 mais jamais appliquée.
Selon un responsable du Hamas, une solution équitable serait de voir les Etats-Unis, principal allié d’Israël, devenir « un garant » du respect du cessez-le-feu.
En visite en Birmanie, le président américain Barack Obama, a de nouveau pointé les groupes armés palestiniens du doigt en estimant que leurs tirs de roquettes avaient « précipité » la crise à Gaza. « Les Etats-Unis soutiennent complètement le droit d’Israël de se défendre », a-t-il insisté dimanche.
« Si cela peut être accompli sans l’accroissement des activités militaires à Gaza, c’est préférable », a-t-il cependant précisé, évoquant les risques pour le peuple de Gaza mais aussi pour les troupes israéliennes.
L’émir du Qatar, cheikh Hamad Ben Khalifa Al-Thani, qui soutient le Hamas, a pour sa part estimé qu’Israël mettrait fin à son offensive uniquement s’il trouvait en face une « solide résistance ».
La Chine a pour sa part exhorté lundi « les parties (au conflit), en particulier Israël, à exercer la plus grande retenue » dans la bande de Gaza.
AFP