Les Nations Unies sont entrées en action samedi dans l’est de la République démocratique du Congo en appuyant l’armée avec des hélicoptères dans ses combats contre la rébellion du M23, et en prévoyant une réunion d’urgence du Conseil de sécurité dans l’après-midi.
La France, à l’initiative de la réunion du Conseil, a demandé samedi soir « la cessation immédiate des combats » qui pourraient conduire à « un nouveau drame humanitaire ».
Elle appelle à « la protection des populations civiles et de tous les acteurs humanitaires » et « demande à tous les pays de la région de s’abstenir de toute ingérence dans les affaires intérieures de la RDC », a ajouté dans une déclaration le porte-parole du Quai d’Orsay, Philippe Lalliot.
Le M23 est surtout formé d’anciens rebelles qui, après avoir été intégrés en 2009 dans l’armée, se sont mutinés en avril dernier et combattent depuis l’armée régulière dans la région du Kivu. Deux pays voisins, le Rwanda et l’Ouganda, sont accusés par l’ONU de soutenir les rebelles, ce qu’ils démentent.
Mais le lieutenant-colonel Hamuli a affirmé samedi que « plusieurs » militaires rwandais sont intervenus pour soutenir le M23. Le porte-parole du gouvernement Lambert Mende a, lui, soutenu que « 4.000 hommes en colonnes motorisées et à pied » sont arrivés « en provenance du territoire rwandais ».
Il n’y a « aucun soldat des RDF (Rwanda defence force – l’armée rwandaise) » en RDC, a assuré à l’AFP le porte-parole de l’armée rwandaise, Joseph Nzabamwita.
Les combats ont commencé à l’aube dans la zone où des affrontements avaient déjà opposé jeudi les belligérants, poussant plus de 7.000 personnes à regagner le camp de déplacés de Kanyarucinya, à une dizaine de km de Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu.
Une fois encore, l’armée et le M23 s’accusent mutuellement d’avoir déclenché les hostilités.
Des hostilités qui ont commencé dès vendredi, selon l’armée. « Le M23 nous a attaqués vers 17h00 (15h00 GMT), on les a repoussés, et on avait l’ordre de ne pas les poursuivre », a affirmé samedi matin le lieutenant-colonel Olivier Hamuli, porte-parole de l’armée pour le Nord-Kivu.
« Il y a eu des combats très tôt ce matin (samedi) dans nos positions », a déclaré le lieutenant-colonel Vianney Kazarama, porte-parole militaire du M23, à l’AFP. Les FARDC (Forces armées de RDC – armée régulière) sont venues nous attaquer avec des hélicoptères, des chars de combat. »
« Le M23, du coup, est passé à l’offensive et il a repoussé l’ennemi. Nous avons pris le siège administratif (du territoire) de Nyiaragongo », a-t-il affirmé, expliquant que l’armée attaquait sur plusieurs axes mais que les rebelles « repoussent l’ennemi vers la route qui mène à Goma ».
L’armée veut avancer sur « toutes » les positions du M23.
« Notre objectif c’est de reconquérir Kibumba et avancer sur les positions M23 partout où ils sont a déclaré samedi soir à l’AFP le lieutenant-colonel Hamuli. Ca, c’est notre objectif. (…) Demain matin on lance encore une offensive. Nous sommes décidés à aller au bout. »
La Mission de l’ONU pour la stabilisation de la RDC (Monusco), chargée de la protection des civils, a appuyé l’armée en combattant le « M23 entre Kibumba et Kibati », à 5 kilomètres du camp de Kanyarucinya, et « dix missions ont ainsi été menées par ses hélicoptères de combat », selon un communiqué.
Vendredi, la Monusco avait été placée en état « d’alerte élevée » et des « équipes de réaction rapide » au sein des Casques bleus avaient été déployées dans des endroits clés autour de Goma, en particulier près de l’aéroport.
La mission de la France auprès des Nations unies a annoncé sur son compte Twitter qu’une réunion d’urgence des 15 nations du Conseil de sécurité avait été programmée samedi à 15H00 (20H00 GMT) pour évoquer la situation en RDC.
Samedi matin, l’armée a demandé aux populations proches de Kibumba de descendre vers Goma, que le M23 a plusieurs fois menacé de prendre, tout en assurant que ce n’était pas sa priorité.
Pour protester contre la guerre entre l’armée et le M23 qui « tue ou blesse leurs maris », une cinquantaine de femmes de militaires a brûlé des pneus samedi à Goma.
AFP