jeudi, décembre 26, 2024
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Vexations, censure, café froid: les griefs de Breivik en prison

Vexations, censure, café froid: les griefs de Breivik en prison

Inspections corporelles quotidiennes, café froid et censure de sa correspondance: le tueur Anders Behring Breivik estime ses conditions de détention « inhumaines », ressort-il des extraits d’une lettre publiés vendredi.

« Je doute fortement qu’il existe pire lieu de détention en Norvège », écrit l’extrémiste de droite qui a tué 77 personnes l’an dernier, en majorité des adolescents, dans une lettre de 27 pages aux autorités pénitentiaires dont le journal Verdens Gang (VG) a révélé le contenu.

Maintenu dans un isolement quasi total et sous un régime de très haute sécurité dans la prison d’Ila près d’Oslo, le détenu de 33 ans déplore des carences et restrictions qui touchent tant à l’anecdotique qu’aux principes fondamentaux.

Il déplore le peu de beurre pour tartiner son pain, le café souvent froid faute de thermos et l’interdiction de conserver de la crème hydratante dans sa cellule, laquelle n’a, à son grand dam, ni décoration ni panorama.

Mises pour chaque déplacement, les menottes « sont vécues comme un boulet mental », écrit-il. Elles provoquent des « coupures dues à des frictions car leur bord en acier arrache douloureusement la peau du poignet ».

Accusant ses cibles de faire le lit du multiculturalisme, Breivik avait tué 77 personnes le 22 juillet 2011, en faisant exploser une bombe près du siège du gouvernement de centre gauche à Oslo puis en ouvrant le feu sur un rassemblement de la Jeunesse travailliste sur l’île d’Utoeya.

Il a été condamné à la peine maximale, soit 21 ans de prison qui pourront être prolongés.

L’extrémiste se plaint aussi des fouilles de sa cellule et de celles de sa personne, qui l’obligent à se dévêtir totalement, et de la surveillance intensive dont il est l’objet et des restrictions sur sa correspondance.

L’authenticité des extraits de la lettre a été confirmée par son avocat, Tord Jordet. Le ministère de la Justice n’a pas souhaité faire de commentaire.

Après un procès salué de toutes parts, le débat sur Breivik s’est tourné vers les conditions de détention. Certains les considèrent comme trop confortables, d’autres comme juste assez dures pour un Etat de droit.

Nombreux sont ceux qui estiment qu’il doit disposer des mêmes droits que les autres détenus norvégiens.

« Il est conscient que, pris séparément, ses griefs peuvent passer pour des bagatelles mais, pris dans leur ensemble, ils dépeignent une situation grave », a déclaré à l’AFP Tord Jordet.

« Il considère que sa situation enfreint les droits de l’Homme et la liberté d’expression, et qu’il est l’objet d’un traitement inhumain », a-t-il dit.

Outre sa cellule individuelle, Breivik dispose de deux pièces, l’une pour les exercices physiques et l’autre pour ses études, dont l’accès est contrôlé par l’administration pénitentiaire.

L’extrémiste, qui avait indiqué vouloir poursuivre son combat idéologique depuis la prison, est particulièrement amer d’avoir perdu l’ordinateur, sans accès à internet, dont il disposait en détention provisoire.

Lui qui voulait écrire des livres et correspondre avec ses sympathisants n’a plus qu’un petit stylo en caoutchouc –sécurité oblige–, très peu pratique à son goût.

Surtout, les lettres qu’il envoie et reçoit sont filtrées, et toute remarque politique y est interdite.

Selon M. Jordet, des centaines de plis sont actuellement « en cours de traitement », sans délai défini.

« Il n’est pas en prison pour avoir volé des chaussettes dans un magasin », a déclaré à VG Eivind Rindal, un survivant de la fusillade d’Utoeya, en rejetant les « larmes de crocodile » de Breivik.

« Sa détention reflète les risques de récidive, de fuite, ceux planant sur les gardiens et les codétenus, ainsi que les risques de suicide que la société perçoit chez lui », a-t-il dit. 

AFP 

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