Porté par sa nette victoire, Barack Obama bénéficiait mercredi d’un nouvel élan pour son deuxième mandat mais se retrouve au défi de la même difficile cohabitation avec les républicains au Congrès, dans un contexte de crise économique et de dette abyssale.
« L’ironie est que l’élection la plus chère de l’histoire américaine a abouti à un statu quo », soulignait le Washington Post, relevant, comme la plupart des médias américains, que le président démocrate, qui est attendu à Washington mercredi en fin de journée, faisait face à « un défi redoutable ».
En prononçant mardi soir un discours de victoire sous le signe de l’apaisement à Chicago (Illinois, nord), le président a retrouvé les accents de sa campagne de 2008, mais surtout son discours de rassemblement de 2004 à la convention démocrate de Boston, qui l’avait révélé au grand public.
« Nous ne sommes pas aussi divisés que notre système politique veut le laisser croire. Nous ne sommes pas aussi cyniques que ce que pensent les observateurs. Nous sommes plus importants que la somme de nos ambitions individuelles et nous sommes plus qu’une collection d’Etats » républicains et démocrates, s’est-il écrié.
« Dans les semaines et les mois à venir, j’ai l’intention de tendre la main, et de travailler avec les dirigeants des deux partis pour être à la hauteur des problèmes que nous ne pouvons résoudre qu’ensemble », a-t-il ajouté, évoquant la réduction des déficits, la réforme du code des impôts, ou encore une réforme de l’immigration.
Le président américain a obtenu 303 grands électeurs — il lui en fallait 270 pour gagner — contre 206 à son adversaire républicain Mitt Romney, la Floride restant toujours indécise mercredi matin. Au niveau national, il a emporté environ 50,2% des voix contre 48,3% à son adversaire républicain.
Mais M. Obama, ancien professeur de droit public, ne peut ignorer l’équilibre subtil des pouvoirs disposé par la Constitution du pays. La Chambre des représentants est restée acquise aux républicains, et le Sénat devrait demeurer sous la coupe des alliés démocrates du président.
Budget et fiscalité au programme
Cette configuration, qui restera en place jusqu’en janvier 2015, est précisément celle qui a mis les Etats-Unis plusieurs fois au bord de la crise budgétaire voire institutionnelle depuis 2011, avec plusieurs escarmouches entre l’exécutif et le Congrès.
Depuis deux ans, quand il avait subi un revers aux élections à la moitié de son premier mandat, M. Obama a déploré que le chef de la minorité du Sénat, Mitch McConnell, ait affirmé que son premier objectif était de le faire battre à la présidentielle.
Tout en accusant les républicains d’obstructionnisme et en faisant même campagne contre eux, M. Obama avait ouvertement espéré que sa victoire – alors seulement espérée – sonnerait la fin de cet état d’esprit.
Le bureau du sénateur McConnell est resté silencieux dans la nuit de mardi à mercredi, mais le président républicain de la Chambre John Boehner, a exprimé mardi soir une position de fermeté sur le sujet qui va très rapidement à nouveau s’inviter au programme: le budget et la fiscalité.
A la fin de l’année expirent une série de mesures fiscales, dont des cadeaux hérités des mandats du républicain George W. Bush. M. Obama veut en priver les plus aisés et les proroger pour les plus pauvres. Le relèvement du plafond de la dette, qui avait déjà provoqué une grave crise à l’été 2011, sera encore bientôt d’actualité. Faute de solution, les économistes ont mis en garde contre une retombée dans la récession, fruit de ce « mur fiscal ».
La gestion par Obama de la crise économique sera scrutée à la loupe par les grands partenaires des Etats-Unis qui ont chaudement félicité le président pour sa réélection, à l’image de la Chine qui a appelé à une « coopération constructive ».
Les Européens, soucieux de marquer des liens qu’ils veulent particuliers avec Washington, ont également salué la réélection
du président démocrate. « Il y a tellement de choses que nous devons faire: nous devons faire redémarrer l’économie mondiale et je veux voir un accord commercial entre l’Union européenne et les Etats-Unis », a lancé le Premier ministre britannique David Cameron.
Le président français François Hollande a de son côté salué le « choix clair » des Américains pour une « Amérique ouverte et solidaire, pleinement engagée sur la scène internationale et consciente des défis de notre planète ».
AFP