Des manifestants ont à nouveau affronté mardi la police à Kisumu, à 350 kilomètres au nord-est de Nairobi, au lendemain de l’assassinat d’un responsable local du parti du Premier ministre kényan, suivi d’émeutes meurtrières, selon la police.
Un groupe d’environ 500 jeunes, rassemblés dans un bidonville de Kisumu, a tenté de rejoindre le centre-ville pour manifester mais a été bloqué et dispersé, a indiqué le chef provincial de la police Joseph Ole Tito.
M. Tito a indiqué qu’une enquête était ouverte sur les décès la veille de quatre personnes en marge de violentes manifestations: un homme tué par balles et trois personnes mortes dans l’incendie d’une échoppe déclenché par une grenade lacrymogène lancée à l’intérieur.
« Nous enquêtons sur des décès survenus durant les manifestations », a-t-il déclaré, refusant de reconnaître dans l’immédiat la responsabilité de la police dans ces morts.
Concernant l’incendie de l’échoppe, « nous ne savons pas ce qui s’est passé exactement », a-t-il affirmé, après avoir dit la veille soupçonner une « défaillance électrique » et écarté toute implication de la police.
Mardi, la police anti-émeute a tiré en l’air et lancé des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants, selon des témoins.
« Un groupe a tenté de manifester en ville, depuis la zone (du bidonville) de Kondele et a dû être dispersé », a confirmé M. Tito. « Nous n’allons pas les laisser venir paralyser la ville », a-t-il dit.
Les violences ont éclaté lundi après le meurtre de Shem Onyango « Kwega », président de la branche locale du Mouvement démocratique orange, parti du Premier ministre Raila Odinga, et candidat déclaré à la députation aux élections générales prévues en mars.
Le meurtre a dans l’immédiat été attribué à des gangsters, même si un motif politique n’était pas totalement écarté. Des manifestants sont descendus dans la rue et ont affronté la police, l’accusant de collusion avec les groupes criminels.
Kisumu est le fief de Raila Odinga, candidat déclaré à la présidentielle de mars. La ville avait été l’un des principaux théâtres des violences qui avaient embrasé le Kenya fin 2007 après la réélection contestée du président Mwai Kibaki face à M. Odinga.
Ces violences politiques avaient dégénéré en affrontements ethniques et fait plus d’un millier de morts et plus de 600.000 déplacés à travers le pays. Elles avaient pris fin début 2008 avec un accord politique consacrant la réélection de M. Kibaki et la nomination de M. Odinga au poste de Premier ministre.
AFP