Les autorités zimbabwéennes vont tenter lundi d’aplanir les différends bloquant l’adoption d’une nouvelle Constitution, préalable à la tenue d’élections censées mettre fin à l’éprouvante cohabitation entre le président Robert Mugabe et son Premier ministre Morgan Tsvangirai.
Selon l’accord de partage du pouvoir signé entre les deux rivaux sous l’égide de la Communauté de développement d’Afrique australe fin 2008, l’organisation d’un nouveau scrutin n’aura lieu qu’une fois que le pays aura été doté d’une nouvelle loi fondamentale, qui devra être approuvée par référendum.
MM. Mugabe et Tsvangirai avaient accepté de cohabiter provisoirement pour éviter une guerre civile après la très violente campagne électorale de 2008, qui avait vu le second s’effacer devant le premier entre les deux tours pour éviter un bain de sang généralisé.
Mais le processus de rédaction de la Constitution a été émaillé de divers incidents et a pris plus de deux ans de retard.
La Zanu-PF de M. Mugabe, le MDC de M. Tsvangirai et une fraction dissidente du MDC se sont accordés sur un texte fin août, mais le parti du président en a rapidement contesté une partie.
Ils doivent être rejoints lundi et mardi par des représentants de la société civile pour tenter d’arrondir les angles.
Le porte-parole du MDC Douglas Mwonzora a souligné que son parti espérait que la conférence serait paisible, rappelant qu’une réunion similaire avait été perturbée par des partisans de la Zanu-PF en 2009.
« Nous espérons à une conférence pacifique où toutes les parties prenantes seront autorisées à s’exprimer. Nous attendons tolérance et respect de l’autre », a-t-il déclaré à l’AFP.
Le projet actuel limite les pouvoirs du président et renforce ceux du Parlement, empêchant le président de rester en poste plus de dix ans et le privant d’immunité après avoir quitté le pouvoir.
La Zanu-PF de Robert Mugabe –qui est aux affaires depuis l’indépendance en 1980– a fait savoir qu’elle avait des problèmes avec seulement 3% du texte. Elle veut rétablir certains des pouvoirs du président, ajouter une clause interdisant explicitement le mariage homosexuel et interdire la double citoyenneté.
« Nous avons l’intention d’avoir notre version modifiée du projet prise en compte dans la nouvelle Constitution », a dit à l’AFP Rugare Gumbo, le porte-parole du parti présidentiel.
« Nous espérons que tout ira bien, parce que tous les partis politiques souhaitent que le processus aille correctement à son terme. »
MM. Mugabe et Tsvangirai s’exprimeront devant les participants lundi.
Mcdonald Lewanika, le directeur de la Coalition Crisis in Zimbabwe –une fédération de 350 organisations de la société civile– a indiqué qu’il ferait ses recommandations à la conférence, mais il n’est pas sûr que ses idées seront prises en considération.
« Nous avons estimé que le projet de Constitution est en gros OK, mais nous avons nos recommandations, que nous allons présenter », a-t-il relevé.
Aucune date n’a été fixée pour le référendum.
AFP