L’attaque qui a tué un Casque bleu au Darfour la semaine dernière a été menée à l’aide d’armes particulièrement puissantes, « jamais utilisées jusque là », a indiqué la mission de paix déployée dans cette région du Soudan.
L’embuscade pourrait avoir eu pour objectif d’empêcher les Casques bleus de se rendre dans une région où des violences avaient été rapportées, a ajouté la porte-parole de la Minuad.
Un membre sud-africain de la mission de paix conjointe ONU-Union Africaine déployée au Darfour a été tué et trois autres blessés mercredi lors d’une embuscade tendue à 10 km d’Hachaba, dans la province du Darfour-Nord.
« Cette attaque criminelle contre un convoi de 16 véhicules de la Minuad a été menée par des assaillants non identifiés qui ont fait usage de tout un arsenal d’armes de gros calibre, jamais utilisées jusque là », a indiqué la porte-parole de la Minuad, Aïcha Elbasri, dans une réponse écrite à des questions de l’AFP.
« Cela comprend des mortiers, des mitraillettes de moyen calibre, des grenades RPG, des fusils d’assaut AK-47, et des fusils antichars » a-t-elle précisé, ajoutant qu’un véhicule de transport de troupes blindé avait été touché par plusieurs tirs.
Le convoi de la Minuad pris en embuscade se rendait dans la zone de Hachaba, où selon les Etats-Unis plus de 70 civils ont été tués en septembre lors de combats et des bombardements aériens entre les rebelles et les forces gouvernementales soudanaises.
« Cette attaque soigneusement préparée contre la mission de vérification de la Minuad pourrait avoir été perpétrée dans le but d’empêcher la mission d’atteindre Hachaba et d’y évaluer la situation après les informations récentes faisant état de combats dans la région », a indiqué Mme Elbasri.
La Minuad « a prévu d’envoyer une nouvelle mission de vérification des faits à Hachaba », conformément à son mandat qui est de protéger les civils, a-t-elle poursuivi, réclamant une enquête conjointe Minuad-gouvernement sur l’attaque.
Le plupart des violences récentes au Darfour est désormais attribuée par des sources humanitaires à des groupes arabes pro-gouvernementaux.
Selon des rebelles combattant le régime de Khartoum, le convoi de la Minuad a été pris pour cible par des « milices » du régime.
Le principal dirigeant du Darfour, Eltijani Seisi, en déplacement, n’était pas joignable pour réagir.
L’attaque de mercredi est la seconde embuscade meurtrière ce mois-ci pour les Casques bleus au Darfour. Le 2 octobre, quatre membres nigérians de la mission de paix sont décédés lors d’une embuscade près d’El-Geneina, dans le Darfour occidental.
Cette seconde attaque s’était déroulée le jour même de la visite d’une délégation de diplomates européens, qui se sont dits inquiets de la « détérioration récente de la sécurité » dans certaines zones de cette région de l’ouest du Soudan, grande comme la France.
La violence a diminué depuis les débuts du conflit il y a neuf ans au Darfour, lorsque des mouvements issus des tribus non-arabes se sont soulevées contre le gouvernement de Khartoum, mais des heurts entre rebelles et gouvernement ou entre tribus se poursuivent, ainsi que des violences liées au banditisme.
AFP
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