Lance Armstrong est de plus en plus seul: il a brutalement été lâché mercredi par l’un de ses plus solides soutiens, l’équipementier Nike, par Trek, le fabricant des cycles avec lesquels il a gagné sept fois le Tour de France, et par le brasseur Anheuser-Busch.
Une semaine après le rapport accablant de l’Agence américaine antidopage (Usada), qui a détaillé son rôle dans « le programme de dopage le plus sophistiqué jamais vu dans l’histoire du sport », l’Américain de 41 ans, retraité, a annoncé mercredi aussi qu’il démissionnait de la présidence de Livestrong, l’association de lutte contre le cancer qu’il avait fondée en 1997 sous le nom de « Lance Armstrong Fondation » après avoir vaincu cette maladie.
Cerné, Armstrong a choisi de s’éloigner de sa fondation afin de la préserver des dommages collatéraux et lui « épargner les effets négatifs liés à la controverse entourant (s)a carrière de cycliste ». Ce retrait intervient à deux jours du début des festivités marquant le 15e anniversaire de Livestrong, à Austin (Texas), où Armstrong sera présent.
Selon son PDG Doug Ulman, Livestrong a, grâce au « leadership de Lance », amassé « près de 500 millions de dollars » en faveur des malades du cancer.
Nike, Anheuser-Busch et Trek ont tous indiqué mercredi qu’il allait continuer leurs donations à cette fondation.
Quelques minutes après l’annonce du départ d’Armstrong de la présidence de Livestrong, Nike, son fidèle allié depuis 1996, l’année où il a appris sa maladie, a coupé les ponts avec le Texan dans un communiqué lapidaire.
La firme américaine a avancé des « preuves apparemment rédhibitoires sur le fait qu’il s’est dopé et a trompé Nike pendant plus de dix ans », faisant d’évidence référence à l’explosif rapport de l’Usada, fondé notamment sur les témoignages sous serment de 26 personnes, dont 11 anciens coéquipiers.
Armstrong, dépeint sous un jour noir, est ainsi accusé de s’être dopé sous de multiples formes durant l’essentiel de sa carrière, notamment lors de ses sept victoires sur le Tour de France (1999-2005), d’avoir détenu et fourni des produits dopants et d’avoir encouragé et contraint ses coéquipiers à se doper.
La Fédération internationale de cyclisme (UCI) doit toutefois entériner ces sanctions pour que le nom d’Armstrong soit définitivement rayer des palmarès.
D’autres sponsors ont fait défection mercredi: Trek, qui a conçu les vélos sur lesquels Armstrong a fait la loi dans le peloton, a rompu un partenariat qui remontait à 1998 et le gigantesque brasseur Anheuser-Busch a annoncé qu’il ne renouvellerait pas son contrat de parrainage avec lui. Depuis fin 2009, Armstrong était le porte-drapeau d’une de ses nombreuses marques de bière.
Selon le Wall Street Journal, une société de boisson énergétique (FRS), une compagnie de nutrition sportive (Honey Stinger) et le fabricant des casques Giro ont également quitté le navire Armstrong mercredi. Le lunettier Oakley a indiqué qu’il « évaluait » actuellement le rapport de l’Usada et son partenariat avec Armstrong.
Mais le coup le plus dur a sans conteste été celui porté par Nike, ordinairement conciliant avec ses athlètes compromis. La célèbre marque à la virgule (« swoosh ») a ainsi toujours soutenu Tiger Woods quand le golfeur s’est retrouvé englué dans un scandale d’infidélités conjugales en 2010. Le basketteur Kobe Bryant a pu compter sur son appui quand il avait été accusé de viol en 2003. Le joueur de football américain Michael Vick, coupable d’avoir organisé des combats de chiens et tué certains de ces molosses en 2007, a retrouvé un contrat avec Nike après avoir purgé un an et demi de prison.
L’équipementier n’a jamais publiquement détaillé le montant ou la durée du contrat qui le liait à Armstrong mais le « swoosh » était indissociable de l’Américain et l’iconique bracelet jaune, lancé par Nike et Livestrong en 2004 et vendu à 80 millions d’exemplaires en faveur de la lutte contre le cancer, était d’ailleurs l’emblème mondial de la marque Armstrong.
AFP