La Sud-Africaine Nkosazana Dlamini-Zuma a été officiellement investie lundi présidente de la Commission de l’Union africaine (UA), devenant la première femme à occuper ce poste-clé de l’organisation panafricaine.
Le président de l’UA, le Béninois Yayi Boni, a souhaité un « plein succès » à Mme Dlamini-Zuma et à l’ensemble de la nouvelle Commission, l’organe exécutif de l’UA dont le siège est basé dans la capitale éthiopienne Addis Abeba.
Réputée femme à poigne, aux convictions panafricaines forgées par des années de militantisme contre l’apartheid, Mme Dlamini-Zuma, âgée de 63 ans, a promis de s’attaquer à la crise au Mali, dont le nord est occupé depuis six mois par des groupes islamistes armés, ainsi qu’aux violences dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC).
« Nous ne ménagerons aucun effort pour essayer de résoudre les conflits au Mali et dans la région du Sahel, une crise qui peut s’étendre à la région et au continent, » a-t-elle déclaré, promettant aussi d’oeuvrer à « ramener la paix et la stabilité en RDC et dans la région des Grands Lacs dans son ensemble ».
L’est de la RDC est ravagé par une nouvelle vague de violences, depuis qu’a éclaté au printemps une mutinerie d’ex-rebelles qui avaient été intégrés à l’armée congolaise.
La nouvelle responsable de la Commission de l’UA a aussi promis d’accompagner la transition politique en Somalie: le pays, en état de guerre civile depuis plus de 20 ans, vient de se doter de nouveaux président et Premier ministre à l’issue d’un processus décrit comme historique par la communauté internationale.
Le poids diplomatique de Pretoria
Mme Dlamini-Zuma a été, comme le reste de la nouvelle Commission, élue en juillet lors d’un sommet de l’UA.
Ministre de l’Intérieur d’Afrique du Sud depuis 2009 après avoir occupé dix ans le portefeuille des Affaires étrangères, l’ex-femme du président sud-africain Jacob Zuma avait alors battu le sortant, le Gabonais Jean Ping, après six mois d’une bataille diplomatique qui avait opposé Afrique francophone et Afrique anglophone.
Son arrivée à ce poste stratégique renforce le poids diplomatique de Pretoria sur le continent africain. Depuis la création de l’UA en 2002, jamais l’Afrique du Sud n’avait encore occupé la présidence de la Commission.
Mais un double défi attend Mme Dlamini-Zuma: la nouvelle responsable devra non seulement gérer les nombreuses crises du continent, mais aussi recoller les morceaux d’une organisation fragilisée par des luttes internes.
Lors de son investiture, Mme Dlamini-Zuma a appelé les 54 Etats membres de l’Union africaine à l’unité pour faire avancer le continent.
Elle-même a promis, au-delà des conflits armés, de se consacrer au développement de l’économie, mais aussi des systèmes d’éducation et de santé de l’Afrique, ou encore de combattre les inégalités entre hommes et femmes.
La cérémonie d’investiture s’est déroulée en présence du président sortant Jean Ping et du nouveau Premier ministre éthiopien, Hailemariam Desalegn, qui a succédé en septembre au défunt Meles Zenawi.
« Aujourd’hui, je cède la place à une grande dame du continent, une consoeur éminente que les hautes fonctions qu’elle a occupées et le parcours impressionnant dont elle peut se prévaloir ont tout naturellement préparée a cette lourde mais ô combien motivante charge, » a déclaré M. Ping.
« La tache à venir s’annonce ardue et le chemin risque d’être parsemé d’épreuves (…) mais je suis confiant dans sa capacité à les gérer, » a de son côté estimé M. Hailemariam, qui s’exprimait pour la première fois devant l’UA.
La Commission de l’UA est élue pour une durée de quatre ans. Son ou sa présidente peuvent exercer jusqu’à deux mandats.
AFP