Des figures du régime du président égyptien déchu Hosni Moubarak, accusées d’avoir envoyé des hommes de main à dos de chameau pour attaquer les manifestants place Tahrir l’an dernier en pleine révolte, ont été acquittées mercredi, a annoncé l’agence officielle Mena.
La cour pénale du Caire a expliqué ne pas avoir été convaincue par les dépositions des témoins et avoir acquitté l’ensemble des 24 accusés parce que « les preuves étaient insuffisantes », selon l’agence. Les accusés étaient initialement au nombre de 25, mais l’un d’eux est décédé entretemps.
Parmi eux figurent deux piliers du régime déchu, Fathi Sorour et Safwat el-Chérif, qui présidaient les deux chambres du Parlement de l’époque. Etaient également poursuivis l’ancienne ministre de la Main d’oeuvre Aïcha Abdel Hadi et l’homme d’affaires Mohammed Aboul Einen, ancien responsable du Parti national démocrate (PND, aujourd’hui dissous) de M. Moubarak.
Le 2 février 2011, en plein soulèvement populaire contre Hosni Moubarak et à la surprise générale, des partisans du président avaient fait irruption sur la place Tahrir, dans le centre du Caire, à dos de cheval et de chameau, et attaqué les milliers de manifestants exigeant le départ du régime.
Rapidement encerclés par la foule, ils avaient été désarçonnés et battus tandis que leurs montures s’enfuyaient.
Les images de cet épisode connu sous le nom de « bataille des chameaux » avaient fait le tour du monde. Le 2 février fut l’une des journées les plus violentes de la révolte qui finit par obtenir la démission sous la contrainte de M. Moubarak le 11 février 2011.
La décision de la cour d’acquitter tous les accusés a été accueillie par la stupeur et la colère par de nombreux militants des droits de l’Homme sur les réseaux sociaux.
« La révolution n’a pas été vaincue, mais a reçu un coup de couteau dans le dos », a ainsi réagi l’avocat Gamal Eid, président du Réseau arabe pour l’information sur les droits de l’Homme (ANHRI).
En juillet 2011, les enquêteurs avaient indiqué que l’idée de lancer des chameaux et des chevaux contre les manifestants faisait partie d’un plan élaboré par l’ancien président du Sénat Safwat el-Chérif.
M. al-Chérif « a contacté des parlementaires, des membres du Parti national démocrate et des financiers du parti, pour les convaincre de faire disperser les manifestants de Tahrir par la force et la violence », avaient affirmé les enquêteurs, ajoutant qu’il avait plaidé pour « que l’on tue les manifestants s’il le fallait ».
Le plan reposait notamment sur de « gros bras » rémunérés pour attaquer la foule à coups de pierres et de barres de fer.
Le soulèvement de janvier-février 2011 a fait en 18 jours près de 850 morts et plus de 6.000 blessés selon des chiffres officiels.
L’ancien président et son ministre de l’Intérieur ont été condamnés en juin à la prison à vie pour leur responsabilité dans la mort de certains manifestants. En revanche, six hauts responsables de la sécurité jugés en même temps qu’eux ont été acquittés, ce qui a provoqué la colère de nombreux Egyptiens craignant que ce verdict ne soit synonyme d’impunité pour la police.
AFP