Au moins 14 personnes personnes ont été tuées et une vingtaine gravement blessées jeudi à Mogadiscio par deux kamikazes qui ont déclenché leur bombe dans un restaurant du centre de la capitale somalienne, fréquenté par une clientèle aisée.
Trois journalistes figurent parmi les victimes et trois autres ont été blessés, a indiqué l’organisation Reporters sans frontières (RSF). Deux des morts au moins appartiennent à la télévision nationale somalienne dont le siège est proche du restaurant visé. Depuis le début de l’année au moins 12 journalistes ont été tués dans des attentats en Somalie.
Ce double attentat est le plus meurtrier perpétré en Somalie depuis début février, lorsqu’une attaque suicide avait 15 morts devant un café de Mogadiscio, jouxtant un hôtel réputé héberger de nombreux députés et responsables du gouvernement somalien.
Interrogés par l’AFP, les insurgés islamistes shebab, qui ont revendiqué plusieurs attentats depuis qu’ils ont été chassés de Mogadiscio en août 2011, ont affirmé n’avoir pas « directement ordonné » le double attentat, l’attribuant à des « sympathisants » hostiles à l’intervention militaire étrangère en Somalie.
Un responsable des forces somaliennes de sécurité, Mohamed Dahir Abdulle, a indiqué à l’AFP qu' »un kamikaze s’est fait exploser dans le restaurant, l’autre (…) juste devant, tuant 14 personnes ».
Selon la station gouvernementale Radio Mogadiscio, « 14 personnes ont été tuées par deux criminels » et une vingtaine ont été grièvement blessées.
Les deux kamikazes ont également péri.
Des témoins ont indiqué à l’AFP avoir vu de nombreux morts et blessés dans le restaurant, dont certains très grièvement touchés, disant craindre qu’ils ne survivent pas à leurs blessures.
« Nous n’avons pas directement ordonné les attaques, mais il y a beaucoup de gens en colère en Somalie qui soutiennent notre combat », a affirmé le porte-parole des shebab, Ali Mohamoud Rage, par téléphone à l’AFP.
« L’action a été menée par des sympathisants des shebab, furieux de la situation en Somalie, notamment de l’intervention militaire étrangère », a-t-il ajouté.
Le restaurant visé, le Village, est un établissement haut de gamme, fréquenté par une clientèle aisée de la capitale somalienne, essentiellement des notables somaliens, la presse, des membres de la diaspora et les quelques rares étrangers vivant en ville.
Il est situé face au Théâtre national, où un attentat-suicide avait fait six morts début avril, un mois après sa réouverture, et à environ un kilomètre de Villa Somalia, complexe ultra-protégé abritant la présidence et les principales institutions gouvernementales somaliennes.
Le restaurant été ouvert il y a moins d’un an par un Somalien de la diaspora, revenu de Grande-Bretagne où il a été formé comme chef cuisinier.
Plusieurs articles de presse lui avaient été récemment consacrés, le décrivant comme un symbole de la timide renaissance de la capitale somalienne, ravagée par 20 ans de guerre civile et de combats.
Les combats urbains ont cessé dans Mogadiscio depuis que les shebab en ont été chassés par l’embryon d’armée somalienne, épaulée par la force de l’Union africaine (Amisom).
Combattus également par l’armée éthiopienne, entrée en novembre en Somalie, les insurgés ont perdu depuis un an la quasi-totalité de leurs bastions mais contrôlent encore de vastes zones du sud et du centre de la Somalie.
Depuis leur retrait de Mogadiscio, ils ont multiplié les opérations de guérilla et les attentats, notamment dans la capitale.
Le dernier en date remontait au 12 septembre. A Mogadiscio, moins de 48 heures après son élection, le nouveau président somalien Hassan Cheikh Mohamoud avait réchappé indemne à un attentat mené par trois kamikazes contre l’hôtel où il était hébergé en attendant de prendre officiellement ses fonctions.
L’attentat de jeudi intervient alors que les forces gouvernementales somaliennes et le contingent kényan de l’Amisom avancent vers le dernier bastion shebab, la ville portuaire de Kismayo sur laquelle ils annoncent un ass
aut imminent.
AFP