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Les tapisseries de Thiès, des fresques du Sénégal aux quatre coins du monde

Les tapisseries de Thiès, des fresques du Sénégal aux quatre coins du monde

Fleuron de la politique culturelle de Léopold Sédar Senghor, mais asphyxiée peu à peu sous le recul des subventions, les tapisseries de Thiès au Sénégal retrouvent une nouvelle vigueur avec une création monumentale destinée à orner le siège des Nations unies. 

Cette tapisserie de 24 mètres carrés, en laine et coton, baptisée « Le Magal de Touba », domine une salle d’exposition de la Manufacture sénégalaise des arts décoratifs (MSAD) à Thiès, à 70 km à l’est de Dakar.

« C’est la plus grande oeuvre fabriquée par la MSAD. Le président Macky Sall va l’offrir à l’ONU », affirme à l’AFP son directeur, Sidy Seck.

Il a fallu 33 mois pour confectionner cette fresque murale, commandée en 2008, pour un coût non précisé, par le prédécesseur du président Sall, Abdoulaye Wade.

« Un art nouveau pour une nation nouvelle »: désireux de doter son pays d’un industrie culturelle, le premier président du Sénégal indépendant (1960-1980), Léopold Sédar Senghor, formé en France où il a été ministre, avait créé en 1966 une manufacture de tapisserie, art jusque là inconnu au Sénégal.

Les tapisseries de Thiès, des fresques du Sénégal aux quatre coins du monde

Le poète-président avait envoyé les artisans se former en France dans les manufactures des Gobelins et d’Aubusson, dont les oeuvres, qui ont orné les palais de l’aristocratie européenne, sont classées au patrimoine immatériel de l’Unesco.

La manufacture sénégalaise fonctionnait sous contrôle étroit de l’Etat, qui choisissait les modèles et en achetait la production. 

Tissée à la main en 24 couleurs par deux artistes sénégalais, « Le Magal de Touba » doit remplacer celle qui orne la grande salle de conférence au siège des Nations Unis, à New York.

« On s’est plaint de la vétusté de la pièce » à New York, les autorités sénégalaises m’ont suggéré de la reproduire à l’identique, explique Pape Ibra Tall, ex-directeur de la MSAD et auteur de la maquette.

« La première édition avait été réalisée en France dans un atelier de tapisserie privé du village d’Aubusson. Mais pour cette deuxième, on avait la possibilité de la faire » à la MSAD, dit M. Tall, qui, comme premier directeur de la Manufacture, avait supervisé la première réalisation, il y a un demi-siècle.

Senghor voulait « vers 1964/65 offrir (un cadeau) à l’ONU. Ca devait être une oeuvre de 24m2 au minimum, typiquement sénégalaise et qui unissait tout le pays. J’ai proposé le Magal de Touba », raconte ce diplômé de l’Ecole des Beaux-arts de Paris.

Touba est une ville sainte du centre du Sénégal. Le magal est une fête religieuse célébrée chaque année par les mourides, très influents dans le pays, pour commémorer le départ en exil au Gabon, en 1895, du fondateur de cette confrérie soufie, Cheikh Ahmadou Bamba.

Complexe « unique en son genre en Afrique »

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La manufacture de Thiès est « unique en son genre en Afrique », s’enorgueillit Sidy Seck.

Elle contribue au rayonnement du Sénégal dans le monde par « ses oeuvres sublimes de beauté », déclare le ministre sénégalais de la Culture, le chanteur Youssou Ndour.

Ses fresques sont présentes au Sénégal dans beaucoup institutions et à l’étranger dans des palais des chefs d’Etat et de rois, des sièges d’organisations internationales comme l’Union africaine, l’Unesco, la Banque mondiale, le FMI et des lieux comme l’aéroport d’Atlanta (Etats-Unis), expliquent ses responsables.

Le mètre carré de tapisserie coûte entre 500.000 et un million de FCFA (762 et 1.524 euros) dans un pays où le salaire minimum garanti est de 35.000 FCFA (53 euros).

« Les manufactures n?ont jamais pu s?affranchir de leur dépendance à l’Etat. Et quand les subventions de l?Etat se sont réduites et raréfiées, suite à la crise économique intervenue au début des années 80, elles n?ont pas pu s?adapter. Elles connaissent depuis de nombreuses années une situation difficile », souligne un article de la revue Ethiopiques.

La MSAD connaît des problèmes d’approvisionnement en matières premières premières, « le coton et la laine importée principalement de Belgique. Pour le coton, on peut attendre pendant deux à trois mois une commande du Mali », dit Makha Cissokho, chef de son centre de formation.

Son activité principale est la tapisserie, mais la MSAD veut « diversifier ses produits avec le batik, le sous-verre, la sérigraphie et le pagne tissé », dit M. Seck. Tapis de prière, cartes de voeux font partie des nouvelles productions.  

AFP 

 

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