lundi, octobre 14, 2024
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Togo: l'ex-patron d'Elf Loïk Le Floch-Prigent inculpé de complicité d'escroquerie

Togo: l'ex-patron d'Elf Loïk Le Floch-Prigent inculpé de complicité d'escroquerie

 

L’ancien patron du géant pétrolier français Elf, Loïk Le Floch-Prigent, a été inculpé au Togo pour complicité d’escroquerie dans une vaste affaire impliquant des hommes d’affaires togolais et un Emirati. 

« Loïk Le Floch-Prigent a été inculpé hier (lundi) », a déclaré mardi à l’AFP son avocat togolais, Me Rustico Lawson-Bankou, précisant que le motif était la complicité d’escroquerie.

L’ancien PDG d’Elf a répondu aux questions d’un juge pendant trois heures lundi, après avoir été extradé de Côte d’Ivoire samedi. Son audition pourrait reprendre mardi, alors qu’il se trouvait toujours dans les locaux de la gendarmerie.

La justice togolaise soupçonne M. Le Floch-Prigent d’être impliqué dans une affaire d’escroquerie internationale portant sur 48 millions de dollars (environ 36,5 millions d’euros).

L’arrestation de l’ancien patron français, âgé de 68 ans, suit celle d’un ex-ministre togolais de l’Administration territoriale, Pascal Bodjona, inculpé le 12 septembre dans la même affaire. L’escroquerie présumée oppose un homme d’affaires togolais, Bertin Sow Agba, à un homme d’affaires émirati, Abbas El Youssef.

L’Emirati a porté plainte contre M. Agba, l’accusant d’avoir organisé un réseau pour lui soutirer 48 millions de dollars (environ 36,5 millions d’euros), ses membres lui faisant croire qu’ils détenaient la fortune du défunt président ivoirien Robert Gueï, estimée à 275 millions de dollars et bloquée sur un compte en banque au Togo.

Abbas El Youssef, qui dirige une société d’investissements, notamment dans le pétrole et le gaz, a mis en cause dans les médias togolais MM. Agba, Bodjona et Le Floch-Prigent dans cette affaire qui rappelle les arnaques dites « à la nigériane » qui circulent sur internet.

Abbas El Youssef estime que M. Le Floch-Prigent « serait le chef d’orchestre dans cette affaire d’escroquerie », selon une source judiciaire togolaise.

Cependant pour le spécialiste de l’Afrique Antoine Glaser, « l’escroquerie à la nigériane, c’est un habillage, un écran de fumée dissimulant un règlement de comptes entre deux hommes d’affaires et un règlement de comptes politique ».

Lundi, l’avocat français de M. Le Floch-Prigent, Me Patrick Klugman, s’est dit « rassuré » par « le soin apporté par les autorités togolaises dans le traitement de cette affaire ».

« Nous sommes satisfaits par les conditions dans lesquelles il se trouve car il a eu accès à son avocat, à son dossier et a pu s’entretenir avec les services consulaires français », a-t-il poursuivi, se disant « serein » quant à une issue rapide de cette affaire.

Me Klugman n’a fait aucun commentaire sur les conditions dans lesquelles son client, arrêté vendredi en Côte d’Ivoire, a été transféré dès samedi vers le Togo.

Philippe Lalliot, porte-parole du Quai d’Orsay, a précisé mardi qu’il ne s’agissait pas « d’une procédure d’extradition au sens juridique du terme », mais que le transfert du Français d’Abidjan à Lomé avait été fait « en application d’un accord de coopération policière qui lie les deux Etats dans le cadre régional (de la) Cédéao » (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest)

« Bien évidemment la protection consulaire continue tant qu’il est détenu. On continuera à le voir aussi souvent qu’il le souhaitera et aussi souvent qu’il sera nécessaire », a ajouté M. Lalliot.

Pour certains observateurs, l’extrême rapidité du transfert de M. Le Floch-Prigent entrerait dans le cadre d’un échange de bons procédés entre Abidjan et Lomé. Le Togo est en effet le seul pays à avoir exécuté un mandat d’arrêt international des autorités ivoiriennes visant un exilé du camp de l’ancien président Laurent Gbagbo, Moïse Lida Kouassi.

De son côté, un avocat de M. Bodjona, Jil-Benoit Afangbedji, a avancé dimanche que son client avait été impliqué à cause des rumeurs sur sa candidature à la présidentielle en 2015. L’avocat a ajouté que M. Agba était considéré comme le soutien financier de sa candidature.

Loïk Le Floch-Prigent a été nommé dans les années 1980 à la tête des plus grandes entreprises françaises, notamment le géant pétrolier Elf entre 1989 et 1993. Il avait été condamné en 2003 à 5 ans de prison dans l’affaire Elf et avait passé environ deux ans derrière les barreaux pour des malversations financières.

Il se présente aujourd’hui comme un consultant dans le pétrole.

Le Togo, petit pays d’Afrique de l’Ouest de quelque six millions d’habitants et ancienne colonie française, est dirigé depuis 2005 par le président Faure Gnassingbe, qui a succédé à son père Gnassingbe Eyadema, lui-même resté 38 ans au pouvoir. 

AFP 

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