lundi, décembre 30, 2024
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Fusillade au Mali: Nouakchott en colère, les enquêteurs sur le terrain

Fusillade au Mali: Nouakchott en colère, les enquêteurs sur le terrain

Des enquêteurs désignés par le gouvernement malien se sont rendus lundi dans la zone de la mystérieuse fusillade ayant fait 16 morts, dont huit Mauritaniens, et suscité la colère de la Mauritanie qui a dénoncé un « assassinat collectif » et exigé une enquête indépendante.

Selon un gendarme malien, « une mission nationale composée de gendarmes, de militaires et de civils » s’est rendue lundi dans la journée à Niono (centre du Mali), département où est située la localité des faits, Diabali.

Elle y a été dépêchée « pour l’enquête sur l’affaire de Diabali » et devait se rendre sur place, a-t-il dit.

Pour éviter une tension avec son voisin, le Mali avait annoncé cette enquête, en promettant d’en rendre les résultats publics au Mali comme en Mauritanie, ainsi que l’envoi à Nouakchott de son chef de la diplomatie, Tièman Coulibaly.

M. Coulibaly n’y était pas encore arrivé lundi soir, selon des sources concordantes mauritaniennes.

Selon le gouvernement malien, il sera chargé d’exprimer « de vive voix » aux autorités mauritaniennes « la compassion et les regrets » du Mali après la fusillade de Diabali survenue dans la nuit de samedi. Bilan: huit Maliens et huit Mauritaniens tués.

Bamako avait dit ses regrets, sans se prononcer sur les circonstances de cette fusillade, l’identité des tués et les auteurs des tirs.

Dans un communiqué au ton peu diplomatique, Nouakchott a affirmé que les personnes tuées étaient des « prédicateurs musulmans » et « désarmés ». Il a dénoncé un « assassinat collectif injustifiable » et exigé « une enquête indépendante » en demandant à y être associé.

Selon un responsable à Nouakchott, des militaires mauritaniens ont reçu mission de se rendre au Mali par la route pour y récupérer les corps des Mauritaniens.

Ces dernières 24 heures, des Mauritaniens ont organisé devant la présidence à Nouakchott deux manifestations de protestation contre la tuerie et réclamé des sanctions contre ses auteurs.

 « Erreur », « regrettable »

Fusillade au Mali: Nouakchott en colère, les enquêteurs sur le terrain

Plusieurs zones d’ombres subsistaient lundi autour de cette fusillade, qui s’est déroulée à environ 400 kilomètres au nord-est de Bamako, très au sud de la limite des zones contrôlées depuis plus de cinq mois par plusieurs groupes islamistes armés, dont Ansar Dine et le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), alliés d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).

Dimanche, diverses sources maliennes avaient expliqué à l’AFP que l’armée malienne avait tiré, de nuit, sur le véhicule de présumés islamistes ayant refusé d’obtempérer, ce qui, selon une des sources, a poussé l’armée à les traiter « comme des ennemis ».

Un responsable malien avait précisé qu’il s’agissait de membres de la secte Dawa, originaire du Pakistan et présente dans plusieurs pays du Sahel.

Dans des déclarations lundi à l’AFP à Bamako, un militaire malien a parlé d’une « erreur » de l’armée, en refusant toutefois de parler de bavure, thèse évoquée par certains en privé au Mali.

Une responsable de la société civile malienne, Mme Fatoumata Siré Diakité, a jugé la fusillade « regrettable » tandis que l’ONG Human Rights Watch (HRW) a parlé d’un « incident effroyable » dans un message à l’AFP.

« Aucun élément ne doit être négligé » dans l’enquête, « le gouvernement malien doit suspendre de leurs fonctions les soldats et leurs supérieurs qui sont impliqués, en vue de traduire en justice les responsables de cet acte, quel que soit leur rang », a déclaré Corinne Dufka, chercheuse senior de HRW sur l’Afrique de l’Ouest. « La justice doit être rendue, et ce, de manière visible », a-t-elle insisté.

La fusillade s’est produite dans un contexte de nervosité et de suspicion au Mali, et huit jours après la prise par le Mujao d’une nouvelle ville, Douentza (région de Mopti, centre), proche du Nord.

Les islamistes, qui ont évincé de leurs zones d’anciens alliés rebelles touareg, ont promis d’instaurer la charia (loi islamique) au nom de laquelle ils ont commis des exactions dans le Nord.

Ils ont récidivé lundi à Gao (nord-est) où, selon des témoins, ils ont coupé la main et le pied de quatre hommes accusés d’avoir braqué un car de voyageurs. Un habitant de Gao a indiqué que le Mujao a promis le même sort à un cinquième présumé braqueur. 

AFP 

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