Lalatiana Rakontodrazafy, égérie de Free FM, la principale radio privée d’opposition malgache et deux collaborateurs, ont trouvé refuge depuis le 1er août à l’ambassade d’Afrique du Sud à Antananarivo, a-t-on appris vendredi auprès des autorités des deux pays.
« L’ambassade d’Afrique du Sud tient à confirmer qu’elle a décidé de donner refuge aux journalistes (…) en raison du harcèlement prolongé et incessant de ces journalistes et bien d’autres, et à la fermeture de la radio Free FM », a indiqué l’ambassade d’Afrique du Sud à Antananarivo dans un communiqué.
Le ministère malgache des Affaires étrangères a confirmé à l’AFP avoir été informé que la directrice, un autre journaliste et un technicien de Free FM se trouvaient dans l’ambassade sud-africaine « depuis le 1er août ».
« L’affaire a été transmise en haut lieu. Il s’agit d’une affaire politique qui relève de la Primature », le bureau du Premier ministre, a-t-il ajouté.
L’Afrique du Sud a précisé avoir pris sa décision « après étroites consultations avec le bureau de liaison de la SADC », organisation régionale de l’Afrique australe.
La SADC (Conférence des pays d’Afrique australe) joue les médiateurs à Madagascar dans la crise ouverte par le renversement début 2009 de l’ancien président Marc Ravalomanana par le maire d’Antananarivo, Andry Rajoelina, aujourd’hui président non élu d’un gouvernement de transition.
L’Afrique du Sud est très impliquée dans le réglement du conflit à Madagascar où des élections sont prévues l’an prochain.
Elle a justifié sa décision au nom des « actions inacceptables perpétrées par les autorités » qui sont, selon elle, « complètement contradictoires avec la lettre et l’esprit de la feuille de route de la SADC », le document de sortie de crise signé par la plupart des partis malgaches.
Interrogé pour savoir combien de temps les deux journalistes et le technicien pourraient rester dans la mission diplomatique, l’ambassade sud-africaine a répondu à l’AFP que « tout dépendait des négociations à venir ».
Free FM a cessé d’émettre le 24 juillet après des manoeuvres d’intimidation des forces de l’ordre, au surlendemain d’une mutinerie sur une base proche de l’aéroport international d’Antananarivo qui avait fait trois morts.
Les autorités lui reprochent d’avoir diffusé un message des mutins annonçant un coup d’Etat.
Mme Rakotondrazafy avait déjà eu maille à partir avec les autorités malgaches et été interpellée pendant 24 heures en mai, avec Fidel Razanapiera, le deuxième journaliste venu s’abriter à l’ambassade sud-africaine.
Free FM critiquait régulièrement le gouvernement de transition et dénonçait certains agissements et pratiques illégales imputées aux autorités.
Ancienne proche de M. Rajoelina, Mme Rakotondrazafy lui reproche de reproduire les mêmes erreurs que son prédécesseur.
Fin 2008, suite à la fermeture de la chaîne de télévision Viva, Lalatiana avait créé avec trois autres journalistes une émission populaire « Anao ny fitenenana » (A vous la parole), à l’époque très critique envers le président Ravalomanana, renversé quelques semaines plus tard.
AFP