Les dirigeants des Grands Lacs doivent se réunir samedi à Kampala pour la troisième fois en deux mois, pour tenter d’apaiser les violences dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) et mettre en place une « force neutre » qui devrait y être déployée.
L’idée d’une telle force avait été lancée par les dirigeants des 11 pays de la Conférence internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL) en marge d’un sommet de l’Union africaine (UA) à Addis Abeba mi-juillet.
Au sommet de Kampala, sous la présidence de l’Ougandais Yoweri Museveni, seuls les présidents de RDC Joseph Kabila, de Tanzanie Jakaya Kikwete, et du Sud-Soudan Salva Kiir (membre à venir de la CIRGL) sont attendus. Le Rwandais Paul Kagame doit être représenté par ses ministres de la Défense James Kabarebe et des Affaires étrangères Louise Mushikiwabo.
La réunion devait débuter vendredi mais a pris du retard, les dirigeants attendant des propositions de leurs ministres de la Défense. Elle ne débutera désormais plus avant samedi.
L’est de la RDC, chroniquement instable, est en proie depuis le printemps à des affrontements entre des mutins – le mouvement du 23 mars (M23) – et l’armée régulière congolaise. Kinshasa et l’ONU accusent le Rwanda de soutien à la rébellion, ce que Kigali dément. Le conflit est source de tension régionale depuis des mois.
Lundi encore, la RDC a accusé Kigali d’avoir profité d’un récent retrait de la région de militaires rwandais – déployés depuis 2009 au côté de l’armée congolaise – pour « exfiltrer » des hommes qui, dit-elle, avaient « attaqué » son armée avec le M23.
Quelques centaines de militaires rwandais ont quitté il y a une semaine le territoire congolais de Rutshuru, en partie contrôlé par le M23, pour rentrer chez eux.
Ils faisaient partie d’un bataillon congolo-rwandais déployé en 2009 pour une opération conjointe destinée à combattre les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), une rébellion hutu recherchée par Kigali pour sa participation présumée au génocide de 1994 et qui commet des exactions en RDC depuis des années.
Début août, la CIRGL s’était déjà retrouvée pour un deuxième sommet dans la capitale ougandaise Kampala. Mais aucune avancée concrète n’avait alors été enregistrée sur la complexe composition de la force neutre à mettre en place pour neutraliser les groupes armés opérant dans la région.
violences et pillages
La plupart des activités des multiples rébellions actives dans la région consistent en des violences contre les populations locales et l’exploitation illégale des riches ressources naturelles, métaux, ivoire, bois…
Pour la mise en place de la force neutre, une solution impliquant la mission de l’ONU en RDC (Monusco) avait les faveurs de Kinshasa, mais Kigali ne cache pas sa défiance envers la force onusienne.
Face aux divergences, les chefs d’Etat avaient demandé le mois dernier à un groupe ministériel de déblayer le terrain pour eux.
Mi-août, le ministre de la Défense de RDC, Alexandre Luba Ntambo, avait indiqué que la force pourrait comporter « 4.000 hommes » issus de « pays africains ». Il avait cependant jugé « normal » que les pays concernés par les troubles — Rwanda, RDC, mais aussi Ouganda et Burundi — n’y participent pas.
Le M23 est issu d’une ex-rébellion congolaise, le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), qui avait été intégré dans l’armée après un accord de paix en 2009. Le Burundi était allié au Rwanda et à l’Ouganda lors des deux guerres régionales qui les ont opposés à la RDC dans la deuxième moitié des années 90.
Dans un message écrit adressé à la CIRGL, le représentant permanent des Nations unies en Afrique centrale, Abou Moussa, a ass
uré que l’ONU était prête à offrir une aide « appropriée », en « coopération avec les pays de l’Union africaine et les partenaires régionaux et internationaux » pour résoudre la crise.
« Ce sommet intervient à un moment critique, » a-t-il déclaré dans un communiqué, en ajoutant que malgré une récente « pause » dans les activités du M23, il était encore préoccupé par « les situations sécuritaires et humanitaires dans l’est de la RDC » et appelait à l’arrêt de tous les « soutiens extérieurs » au M23.
Depuis avril, les nouveaux combats dans la région ont fait plus de 220.000 déplacés à l’intérieur de la RDC et forcé quelque 57.000 autres personnes à fuir au Rwanda et en Ouganda voisins.
AFP