La situation restait bloquée mardi à la mine sud-africaine de Marikana, où des violences ont fait 44 morts –dont 34 mineurs tués par la police– depuis le début d’une grève sauvage le 10 août.
Rendant compte des négociations entre employeurs et syndicats, qui ont été suspendues lundi soir, l’un des meneurs du mouvement, Zolisa Bodwani, a répété que les grévistes voulaient le triplement de salaire avant toute chose.
« Le soi-disant accord de paix peut venir plus tard, nous voulons 12.500 rands maintenant », a-t-il déclaré mardi à ses camarades, selon l’agence Sapa.
Les 3.000 foreurs de Marikana, qui disent toucher 4.500 rands par mois (45O euros), en réclament 12.550, alors que le groupe britannique Lonmin, qui exploite la mine de platine indique qu’ils en touchent déjà près de 10.000 (bruts), auxquels s’ajoutent des primes de rendement.
Le groupe insiste sur le retour au travail avant d’engager toute discussion, ce qu’il appelle l' »accord de paix ». Il veut notamment que les mineurs abandonnent leurs armes traditionnelles, lances et machettes.
« Nous nous réunissons à nouveau demain » (mercredi), a indiqué lors d’une conférence de presse à Johannesburg Senzeni Zokwana, le président du syndicat majoritaire NUM.
« Malheureusement, ces gens disent qu’ils ne retourneront pas sous terre tant qu’ils ne seront pas payés ce qu’ils ont demandé, c’est là où on en est. (…) Ils disent: +Nous allons nous battre jusqu’à ce que nous obtenions 12.500 rands, il n’y a pas de compromis+, et ils disent que les Chinois sont prêts à reprendre la mine », a-t-il dit.
« Sur les 12.500 rands, nous n’avons pas d’objection, soit, c’est à l’employeur de répondre. Nous ne pouvons pas dire que c’est trop, mais nous n’exploitons pas la mine », a ajouté M. Zokwana, ajoutant que son syndicat était prêt à revoir l’accord salarial conclu avant la grève si Lonmin était prêt à rediscuter des salaires.
Selon lui, « l’employeur est dans une position difficile car il craint de récompenser l’anarchie. Il dit +retournez d’abord au travail, ensuite on pourra travailler sur vos problèmes+ ».
M. Zokwana a ajouté qu’il ne pensait pas que Lonmin jouait le pourrissement de la grève, car le groupe coté à Londres n’a pas les reins assez solides et a besoin de vendre son platine.
Quelque 200 grévistes ont parallèlement organisé une manifestation sur place mardi matin, demandant à leurs collègues de ne pas se rendre au travail, selon la direction de Lonmin.
« Un groupe d’hommes est arrivé et nous a dit de ne pas trahir les mineurs morts, et de cesser le travail. Ils nous ont traité de +amagundwane+ et ont commencé à chanter », a confirmé à l’agence Sapa un employé non-gréviste de la fonderie.
« Amagundwane », rat en zoulou, désigne un jaune.
La direction a indiqué que 6,5% de ses 27.000 employés se sont rendus au travail mardi.
AFP