Le présentateur de télévision égyptien Tewfik Okacha, hostile aux Frères musulmans, a nié à l’ouverture de son procès samedi au Caire avoir incité au meurtre du président islamiste Mohamed Morsi.
« Je n’ai fait que critiquer le président Morsi », a déclaré M. Okacha devant les juges du tribunal pénal où il a comparu pour « incitation au meurtre du chef de l’Etat », a rapporté un journaliste de l’AFP.
« C’est un procès politique. Les Frères musulmans veulent faire taire toute voix dissonante pour reproduire le système d’avant la révolution », a-t-il dit.
M. Okacha a affirmé être poursuivi en justice pour avoir « révélé l’implication des Frères musulmans dans les attaques contre les postes de police, les tribunaux et les prisons pendant la révolution ».
Après avoir entendu les avocats de la défense qui ont demandé l’abandon des poursuites en arguant que la plainte ne venait pas personnellement de M. Morsi, le tribunal a suspendu momentanément la séance avant de fixer sa prochaine audience au 3 octobre prochain pour entendre les témoins à charge.
L’accusé a été laissé en liberté.
M. Okacha est arrivé au tribunal entouré de dizaines de ses partisans qui scandaient: « Le peuple veut la chaîne Al-Faraïn » (Les Pharaons), frappée d’une suspension d’un mois.
La chaîne que dirige M. Okacha diffusait, avant sa suspension le 16 août, un programme qui critiquait vertement les Frères Musulmans et M. Morsi, qui en est issu.
Les poursuites contre M. Okacha avaient été annoncées en même temps que celles contre Islam Afifi, rédacteur en chef du Dostour, un petit quotidien à capitaux privés, pour incitation au « chaos ».
M. Afifi avait été placé en détention à l’ouverture de son procès le 23 août avant d’être relâché le même jour après que M. Morsi a décrété l’annulation des détentions préventives pour délit de presse.
Il s’agissait du premier procès d’un journaliste égyptien depuis la chute de l’ancien président Hosni Moubarak en février 2011.
Les opposants de M. Morsi l’accusent de vouloir museler la presse après avoir conforté son pouvoir en mettant à la retraite d’influents généraux.
M. Morsi, qui a pris ses fonctions le 30 juin, est le premier président d’Egypte à être issu du camp islamiste, et le premier à ne pas venir de l’appareil militaire depuis le renversement de la monarchie en 1952.
Il a remporté la première élection présidentielle depuis la chute de M. Moubarak avec une courte avance au second tour sur Ahmad Chafiq, qui fut le dernier Premier ministre du raïs déchu sous la pression d’une révolte populaire.
AFP