Des militaires arrêtés au Mali après leur participation au contre-coup d’Etat du 30 avril ont été victimes d’exécutions sommaires, de tortures ou ont disparu, dénonce l’ONG Amnesty International dans un rapport publié mardi à Paris après une mission de dix jours en juillet dans ce pays.
Ces exactions ont été « commises par des soldats fidèles à la junte militaire contre des militaires et des policiers impliqués » dans ce contre-coup d’État, selon Amnesty.
L’ONG demande dans un communiqué aux autorités maliennes de mettre un terme à « l’engrenage infernal de violations des droits humains » et d’ouvrir des enquêtes sur « les dizaines de cas de disparitions forcées, d’exécutions extrajudiciaires et de tortures » dont elle a eu connaissance.
Des membres d’Amnesty ont pu s’entretenir avec des prisonniers (17 officiers et 33 hommes de rang), qui se trouvent actuellement dans un centre de détention officiel après avoir été détenus « dans des conditions effroyables » au camp militaire de Kati (à 20 kilomètres au nord de Bamako).
Ces prisonniers ont notamment fait état de la disparition de 21 personnes « après avoir été enlevées de leur cellule dans la nuit du 2 au 3 mai ».
Ils ont également décrit « les conditions inhumaines et dégradantes » de leur détention ainsi que les tortures et les sévices sexuels dont ils auraient été victimes.
« Ils nous ont demandé d’avouer que nous voulions faire un coup d’État. Ils nous ont fait coucher sur le ventre, ils nous ont menotté les mains dans le dos et les ont liées à nos pieds. L’un des militaires a enfoncé un chiffon à l’aide d’un bâton dans nos bouches. On ne pouvait plus parler et encore moins crier. Ils ont éteint des cigarettes sur nos corps et l’un d’eux en a éteint une dans mon oreille gauche », a ainsi raconté un prisonnier selon ses propos rapportés par l’ONG.
Un policier a également dit avoir été contraint avec trois autres prisonniers de se sodomiser mutuellement sous la menace d’être exécutés.
Selon Amnesty, « le gouvernement de transition du Mali a failli dans sa tâche de protection des droits humains de ses citoyens et cette absence de droit ne peut pas continuer ».
L’ONG demande à la justice malienne d’ouvrir « immédiatement » une enquête « sur ces événements très graves et (de) restaurer la stabilité dans un pays qui a énormément souffert au cours des six derniers mois ».
AFP