Le Soudan du Sud a mis lundi à Addis Abeba une offre d’accord sur la table pour résoudre ses différends avec le Soudan, notamment concernant le pétrole et la zone contestée d’Abyei, proposition de facto écartée par Khartoum qui a estimé les questions de sécurité prioritaires.
La proposition de Juba intervient quelques jours avant l’expiration du délai du 2 août donné par l’ONU et l’Union africaine (UA) aux deux Soudans pour régler les différends qui empoisonnent encore leurs relations plus d’un an après l’accès à l’indépendance du Soudan du Sud.
Les deux parties n’ont pas encore officiellement discuté de cette nouvelle offre, mais un membre de la délégation soudanaise, Mutrif Siddiq, a estimé que les questions abordées par Juba dans ce projet d’accord n’étaient « pas sérieuses ».
Dans celui-ci, Juba se dit prêt à verser à Khartoum, en fonction de l’oléoduc emprunté, 9,10 et 7,26 dollars par baril de pétrole exporté via le Soudan, soit une augmentation de 0,07 dollar comparé à sa précédente offre.
« Dans l’intérêt de la paix, le Soudan du Sud offre au Soudan de généreux transferts financiers, » a estimé devant la presse Pagan Amum, négociateur en chef du Soudan du Sud.
Juba propose en outre à Khartoum 8,2 milliards de dollars sur trois ans — mélange de transfert d’argent et d’une reprise d’une partie de la dette du Soudan d’avant partition.
L’idée est de combler le manque à gagner du Soudan depuis la sécession, Juba ayant hérité des trois quarts des ressources pétrolières du Soudan d’avant la partition.
Le Sud reste tributaire des infrastructures du Nord pour exporter son brut et les deux parties n’ont jusqu’ici jamais pu se mettre d’accord sur les frais de transit. Faute d’accord, Khartoum avait fini par se payer en prélevant du brut du sud passant dans ses oléoducs, à la grande fureur de Juba qui avait stoppé sa production en janvier.
Le Soudan du Sud propose aussi un mécanisme d’arbitrage international pour achever la démarcation de la frontière commune aux deux pays. Un cinquième de cette zone frontalière, souvent riche en pétrole, reste litigieuse.
Le Sud demande encore qu’à Abyei, un référendum soit organisé par l’ONU et l’UA avant la fin de l’année pour déterminer si cette région grande comme le Liban doit être rattachée au Nord ou au Sud. Ce référendum, prévu par l’accord de paix de 2005 qui a débouché sur la sécession, n’a jusqu’ici pas pu être organisé, faute d’accord entre Juba et Khartoum sur le corps électoral du scrutin.
La proposition d’accord est la « dernière offre » de Juba, « pas une position de négociation, » a ajouté M. Amum. « Il nous reste seulement neuf jours d’ici au 2 août (…) nous pensons qu’il n’est plus temps de faire traîner ces laborieuses négociations. »
Mutrif Siddiq, s’est lui dit confiant dans les chances d’un accord en dépit des différences persistantes entre les deux parties, tout excluant qu’il intervienne d’ici au 2 août.
« C’est impossible à faire en l’espace de dix, neuf ou 90 jours, certains problèmes ont besoin de plus de temps, » a-t-il dit.
Les délégations du Soudan et du Soudan du Sud ont repris dimanche soir leurs pourparlers dans la capitale éthiopienne sous l’égide de l’UA, une semaine tout juste après une poignée de main remarquée entre les présidents soudanais, Omar el-Béchir, et sud-soudanais, Salva Kiir.
Les tensions restent vives entre les deux pays: Juba a accusé Khartoum d’avoir de nouveau bombardé son territoire vendredi. Khartoum a répliqué avoir visé, sur son territoire, des rebelles de l’Etat soudanais du Darfour, s’étant infiltrés depuis le Soudan du Sud.
Juba et Khartoum s’accusent régulièrement de soutenir chacune une rébellion sur le sol de l’autre.
AFP